Le président russe Vladimir Poutine a jugé mercredi «indispensable» d'élaborer des mesures visant à «protéger» le cyberespace russe, mais en excluant un «contrôle total» de l'État.

«Aujourd'hui, il nous est indispensable d'élaborer et de mettre en oeuvre un ensemble de mesures supplémentaires pour protéger le cyberespace» russe, a déclaré M. Poutine lors d'une réunion du Conseil de sécurité russe, selon une vidéo publiée sur le site officiel du Kremlin.

«Nous n'avons pas l'intention de restreindre l'accès à internet ou de le placer sous contrôle total» de l'État, a-t-il souligné.

Une telle mesure «n'est même pas envisagée», a-t-il répété.

Selon le président russe, il faut en premier lieu «nettement améliorer» la protection des sites internet utilisés par les «structures publiques» afin d'«exclure toute ingérence illégale dans leur fonctionnement, ainsi que des fuites d'informations confidentielles».

Il a également dénoncé les tentatives de «certains pays d'utiliser leur situation dominante dans le cyberespace global pour atteindre des objectifs non seulement économiques, mais aussi politiques et militaires», dans une référence à peine voilée aux États-Unis.

Le nombre de cyberattaques contre les sites d'information russes «a nettement augmenté ces derniers temps, surtout ces six derniers mois», soit depuis le rattachement de la Crimée et l'aggravation du conflit militaire dans l'est de l'Ukraine, a indiqué le président.

Depuis le début de l'année, environ 57 millions attaques de hackers contre les sites russes ont été enregistrées, a précisé pour sa part le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev.

La plupart des attaques ont visé des sites publics et sont liées aux jeux Olympiques d'hiver à Sotchi, au rattachement de la Crimée en mars ou au conflit armé dans l'est de l'Ukraine, qui oppose l'armée régulière aux rebelles pro-russes, a déclaré M. Patrouchev aux journalistes.

Le projet vise aussi à «protéger les citoyens contre les risques» liés à l'utilisation de l'internet russe, où sont «diffusés librement des informations à caractère terroriste et extrémiste», a indiqué le président russe.

La Russie va ainsi continuer à bloquer les sites considérés comme extrémistes, «comme c'est d'usage dans plusieurs pays du monde», a-t-il ajouté.

Selon Igor Chtchegolev, un conseiller du président Vladimir Poutine, la Russie «ne veut pas se cacher derrière un mur» dans le domaine informatique.

«Au contraire, il nous faut agir de sorte que les ressources importantes pour les citoyens de notre pays continuent de fonctionner dans toutes les conditions», a déclaré M. Chtchegolev, cité par l'agence Interfax.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait reconnu en septembre que les autorités étudiaient des mesures pour «sécuriser» le segment russe de l'internet en cas de crise grave.

Selon les experts, Moscou craint que d'éventuelles futures sanctions occidentales aient un impact sur l'internet russe.

Les autorités russes ont déjà introduit il y a plusieurs mois une loi qui oblige les entreprises ayant une activité liée à l'internet à conserver toutes les données personnelles des utilisateurs russes en Russie.

Une autre loi impose aux blogueurs russes les mêmes obligations qu'aux médias, à savoir se signaler auprès des autorités et vérifier la véracité des informations publiées.