Le géant d'internet Google va devoir proposer à la Commission européenne «des solutions» aux critiques émises par ses concurrents, dans le cadre de l'enquête ouverte par l'exécutif européen pour abus de position dominante, a indiqué le commissaire chargé du dossier, Joaquin Almunia.

Cette position de la Commission semble ouvrir la voie à une prolongation du dossier, alors que M. Almunia avait annoncé en février que les propositions de «remèdes» de Google étaient satisfaisantes, ce qui laissait augurer une solution à l'amiable.

La Commission a adressé au printemps des lettres à 20 plaignants pour les informer qu'elle avait l'intention de rejeter leurs plaintes, mais leur donnant aussi l'occasion de lui faire des réponses argumentées.

Or, «certains plaignants ont introduit de nouveaux arguments, de nouvelles données, de nouvelles considérations» dans leurs réponses, parvenues à la Commission dans le courant de l'été, et «certaines des réponses sont très, très négatives», a souligné M. Almunia dans une interview mise en ligne par Bloomberg TV et réalisée à l'occasion du Forum Ambrosetti qui s'est tenu en Italie du 5 au 7 septembre.

«Nous devons les analyser et voir si (...) Google peut trouver des solutions à certaines de ces préoccupations, que nous considérons comme justifiées. C'est ce que nous sommes en train de faire», a-t-il expliqué, ajoutant que la Commission «essayait d'obtenir de la part de Google des solutions pour répondre à ces arguments solides».

Le géant américain se voyait reprocher principalement de mettre en avant sur ses pages ses propres services spécialisés, au détriment des moteurs de recherche concurrents, par exemple des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia ou lastminute.com.

La Commission, qui a ouvert cette enquête en novembre 2010, a déjà refusé par deux fois les engagements de Google, jugés insuffisants et dont ses concurrents estimaient qu'ils ne feraient que renforcer son avantage.

Un porte-parole de la Commission avait indiqué en juillet que M. Almunia comptait décider des prochaines étapes «en septembre». Il avait lui-même indiqué au printemps vouloir clore le dossier «après l'été», laissant entendre que ce serait fait avant qu'il quitte ses fonctions fin octobre avec l'ensemble de la Commission sortante, ce qui semble désormais peu probable.

Les eurodéputés Ramon Tremosa et Andreas Schwab, qui s'étaient joints ces derniers mois aux adversaires de Google pour demander que le dossier ne soit pas clos sans nouveaux engagements de la part du géant américain, ont «salué un changement de position longtemps attendu» de la part de la Commission, mardi dans un communiqué.

Ils estiment qu'un rejet des dernières propositions du groupe est «nécessaire car le mécanisme d'enchères pour les liens rivaux» mis en place par Google «ne résout pas le problème sous-jacent d'une captation du trafic au bénéfice des seuls services de Google».

Ils promettent de «maintenir la pression sur le nouveau commissaire à la Concurrence lorsqu'il sera auditionné par le Parlement européen», fin septembre ou début octobre. Son nom, comme celui de l'ensemble des membres de la prochaine Commission, devrait être annoncé dans les tout prochains jours par le futur président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker.