Un peu partout dans le monde mardi, des centaines de pannes ont ébranlé internet. Des sites comme eBay, LinkedIn et Amazon de même que des fournisseurs d'accès comme Shaw, AT&T et Sprint en ont vraisemblablement souffert. Les coupables? Des appareils soudainement dépassés par l'expansion du réseau.

Routeurs

Les serveurs informatiques des fournisseurs d'accès internet, des entreprises et des institutions utilisent des «routes» préétablies pour faire transiter les courriels, les vidéos et tout le contenu que nous échangeons continuellement. Pour s'y retrouver, les serveurs font appel à des routeurs, qui gardent en mémoire les routes à emprunter. Avec la croissance constante d'internet, le nombre de routes augmente sans cesse. Or, les routeurs plus anciens produits par Cisco et d'autres fabricants ne peuvent retenir plus de 512 000 routes. Quand ce chiffre est atteint, ils cessent de fonctionner. C'est ce qui est arrivé mardi. Une page Wikipédia a déjà été consacrée à l'incident, baptisé «512k day».

Procrastination

Le problème n'est pas très difficile à régler: il suffit d'augmenter la capacité des routeurs, qui peut souvent atteindre jusqu'à 1 million de routes. «Mais ça demande un redémarrage, et ça, ça peut causer des maux de tête aux administrateurs de réseaux», note Maxime Boutin, de la firme d'hébergement web Netelligent.ca. Dans certains cas, il faut carrément changer des routeurs, ce qui engendre des coûts. «Tant qu'il n'y a pas trop de pression, on a tendance à ne rien faire», affirme Zbigniew Dziong, professeur de génie électrique à l'École de technologie supérieure. Pourtant, les spécialistes sonnent l'alarme depuis des mois. «Le mieux, ç'aurait été de faire une mise à jour des routeurs», dit M. Boutin.

Discrétion

Au Québec, les problèmes semblent avoir été limités. Telus et Bell affirment ne pas avoir été touchés. Vidéotron, Cogeco et Rogers n'ont pas répondu aux demandes d'information de La Presse Affaires. Shaw, câblodistributeur présent dans l'ouest du pays, a indiqué mardi que certains clients avaient eu du mal à accéder à des sites web, sans toutefois préciser si cela était lié à des routeurs. «Même si les fournisseurs d'accès peuvent en subir les conséquences, il est important pour eux de faire savoir que les problèmes n'étaient pas dans leur cour, qu'ils n'en étaient pas responsables», constate Maxime Boutin.

Relativisons

Comme le trafic internet augmente sans cesse, les limites des vieux routeurs se traduiront-elles par une augmentation des pannes? Une chose est sûre: plusieurs pannes ont touché la grande toile en 2014 et d'autres sont à prévoir. Mais personne n'ose faire de comparaisons, même lointaines, avec les prévisions apocalyptiques autour du «bogue de l'an 2000», qui se sont révélées largement exagérées. «Il n'y aura pas de cataclysme, tranche Zbigniew Dziong. Le problème ne se produit pas dans chaque routeur en même temps. Et c'est assez facile à résoudre.»