Le site de rencontres américain OKCupid a mené un certain nombre d'expériences avec les profils de ses utilisateurs et sa conclusion est simple: la photo d'un abonné sera toujours plus importante que son texte de présentation.

Le cofondateur d'OKCupid, Christian Rudder, dans un poste sur un blogue intitulé «Nous menons des expériences sur des êtres humains», a admis que son site avait effectué un certain nombre d'expérimentations au détriment de ses abonnés.

«Nous avons vu récemment que les gens n'avaient pas trop apprécié que Facebook mène des 'expériences' avec son filtre d'actualité», a écrit Christian Rudder. «Mais vous savez quoi, si vous utilisez internet vous êtes le sujet de centaines d'expériences en permanence, sur tous les sites. Les sites internet fonctionnent tous de cette manière».

M. Rudder a par exemple dévoilé que OKCupid cachait parfois les textes de profil de ses utilisateurs, pour voir quelle importance les abonnés accordaient aux mots par rapport aux photos. Le site a aussi affirmé à des personnes incompatibles qu'elles étaient faites l'une pour l'autre, pour voir si le pouvoir de suggestion était en mesure de jouer un rôle dans l'équation romantique.

Au final, les résultats de ces tests ont montré que les mots n'avaient que peu de poids par rapport aux photos, et que suggérer à deux personnes leur complémentarité renforçait la probabilité qu'ils soient d'accord.

«Quand nous affirmons à deux personnes qu'elles sont compatibles, elles agissent comme si elles l'étaient», a noté M. Rudder. «Même quand elles n'auraient pas fait l'affaire l'une pour l'autre».

«Bricolage»

En revanche, le site de rencontres a affirmé à des abonnés qu'une personne pourtant idéale ne leur convenait pas du tout. Il s'est avéré que ces utilisateurs ont souvent défié le pouvoir de suggestion du site et sont tombés amoureux.

Mais même si M. Rudder estime que l'expérience menée par OKCupid a été un succès, il reste beaucoup d'impondérables à l'heure de rapprocher deux personnes.

«OKCupid ne sait pas vraiment ce qu'il fait. Mais aucun autre site ne le sait non plus. Beaucoup d'idées sont mauvaises. Et même de bonnes idées pourraient être meilleures. Mener des expériences est la seule manière d'essayer de comprendre comment ça marche», a-t-il repris.

Les révélations du cofondateur d'OKCupid sur ces «bricolages» avec des comptes d'abonnés pour effectuer ces recherches, interviennent quelques semaines après que le géant Facebook a fait l'objet d'une polémique après avoir utilisé des pratiques semblables.

En effet, pendant une semaine, du 11 au 18 janvier 2012, Facebook et des scientifiques d'universités américaines ont envoyé des messages positifs ou négatifs à l'insu de centaines de milliers d'utilisateurs anglophones, pour mesurer «la contagion émotionnelle» ainsi créée.

L'autorité britannique de protection des données a annoncé début juillet l'ouverture d'une enquête pour déterminer si Facebook avait violé la loi en manipulant secrètement 700 000 utilisateurs dans le cadre de cette recherche scientifique.

La révélation de cette étude a suscité la colère des internautes. La directrice des opérations du réseau social, Sheryl Sandberg s'est d'ailleurs excusée et a admis que Facebook avait «vraiment mal communiqué» sur ce sujet.

L'expérience menée par OKCupid semble avoir été mieux reçue. Ainsi, un commentaire sous l'article du blogue publié par Christian Rudder se voulait magnanime: «Facebook a secrètement manipulé les utilisateurs de son site et a essayé d'influer sur leurs émotions. Or, tout ce que je vois ici, c'est une curiosité honnête et un désir d'améliorer le site. Ce sont deux choses très différentes», estimait ainsi un utilisateur.