La Jordanie a bloqué l'accès à neuf sites d'information en ligne pour absence de licence, en vertu d'une loi de 2012 critiquée par plusieurs ONG comme un obstacle à la liberté d'expression, selon un communiqué de Reporters sans Frontières publié mercredi.

«Par ce système de licence, le gouvernement jordanien entend assurer sa mainmise sur la Toile et l'information qui y est publiée», a dénoncé Virginie Dangles, adjointe à la direction de la recherche de Reporters sans Frontières (RSF), assurant que 9 sites avaient été bloqués, dont 7iber («encre» en français), une plateforme interactive «qui promeut la liberté de la presse».

«Il est urgent que (le gouvernement) abroge les dispositions de la Loi sur la presse, incompatibles avec les obligations internationales de la Jordanie», poursuit le communiqué.

La loi controversée de 2012 stipule que les rédacteurs en chef de sites d'information doivent être membres de l'association de la presse jordanienne, donnant au gouvernement le droit de censurer le contenu des sites et de poursuivre les journalistes pour des commentaires publiés en ligne.

Lina Ejeilat, la rédactrice en chef de 7iber, a expliqué à RSF avoir «décidé de ne pas déposer de demande car (...) cette licence est un moyen pour l'État d'avoir la mainmise sur l'actualité relayée par les sites d'information».

En juillet 2013, plus de 250 sites avaient déjà été bloqués, conduisant notamment 7iber à changer d'adresse internet pour reprendre ses activités.

«Dans son rapport de mai 2011, le Rapporteur Spécial des Nations unies sur la liberté d'expression avait explicitement déclaré que les exigences de licences (...) ne peuvent pas être justifiées dans le cas d'Internet», rappelle RSF.

Les mesures de blocage de sites d'information ont relancé les critiques de militants des droits de l'Homme, de journalistes mais aussi des Frères musulmans, principal groupe d'opposition en Jordanie, qui ont dénoncé une tentative de censure.

La Jordanie est 141e rang (sur 180) du classement de RSF sur la liberté de la presse en 2014, une chute de sept places par rapport à l'année précédente.