La chambre basse du Parlement russe a adopté vendredi une loi obligeant les acteurs étrangers de l'internet à conserver les données de leurs utilisateurs sur le territoire russe, provoquant de vives inquiétudes dans le secteur technologique.

Selon la nouvelle loi, dès le 1er septembre 2016, les réseaux sociaux, les services de messagerie et les moteurs de recherche étrangers seront obligés d'emmagasiner les données personnelles de leurs utilisateurs sur un serveur en Russie, dont l'emplacement devra être transmis aux autorités russes.

«L'adoption de cette loi sur le stockage des données personnelles dans d'autres pays a provoqué le départ d'importants services et de grosses pertes économiques», a dénoncé sur son site l'Association russe des communications électroniques RAEC, qui regroupe les principaux acteurs du secteur présents en Russie.

Pour Vadim Denguine, l'un des députés à l'origine du texte cité par l'agence officielle Itar-Tass, ce dernier se justifie par le fait que «la majorité des Russes préfèrent que leurs données restent sur le territoire de la Russie».

La loi prévoit aussi que l'autorité russe de contrôle des médias, Roskomnadzor, puisse restreindre sur ces sites l'accès aux informations qui violent les lois russes déjà en vigueur dans le champ des données personnelles. Elle doit désormais être adoptée par la chambre haute du Parlement puis promulguée par le président Vladimir Poutine.

Les données personnelles et leur utilisation sont au coeur de tensions croissantes entre groupes internet et les pouvoirs publics.

Le sujet est en outre sensible en Russie en plein tour de vis, tous azimuts, sur l'internet.

Une loi controversée votée en avril obligera à partir du 1er août tout blogueur dont le site est consulté par plus de 3000 visiteurs à se plier aux mêmes exigences que les médias, très surveillés en Russie.

L'un des dirigeants du site américain Twitter, visé par cette nouvelle loi à l'instar d'autres géants de l'internet comme Google ou Facebook, a fait le déplacement fin juin à Moscou. Les autorités russes ont affirmé avoir obtenu à cette occasion l'assurance du blocage de comptes qu'elle juge «extrémistes», notamment ukrainiens.

Vendredi, la Douma a aussi durci la loi antipiratage entrée en vigueur en août 2013 qui permet de bloquer tout site diffusant des films ou vidéos piratés sur simple demande du détenteur des droits d'auteur, sans attendre le dépôt final d'une plainte. Le texte élargit son champ d'application à la musique et aux livres.