Réparer l'importante faille informatique Heartbleed, découverte la semaine dernière, pourrait selon des experts américains en sécurité informatique perturber et ralentir internet le temps que son antidote soit généralisé.

La bonne nouvelle est que la plupart des grands sites vulnérables ont mis à jour leurs systèmes. Mais la mauvaise nouvelle est que les navigateurs (Chrome, Firefox, Internet Explorer...) risquent d'être surchargés par le renouvellement nécessaire des certificats de sécurité, ce qui pourrait conduire à des messages d'erreur et ralentir l'accès à certains sites, explique à l'AFP Johannes Ullrich, du SANS Internet Storm Center.

Heartbleed («coeur qui saigne» en français) touche les versions postérieures à mars 2012 d'une portion de programme baptisée OpenSSL, intégrée à de très nombreux sites internet pour sécuriser des communications ou des transactions.

Le correctif passe par l'obtention par les sites de nouveaux certificats de sécurité pour qu'ils soient reconnus comme fiables par les navigateurs. Mais, les navigateurs doivent mettre à jour leur liste de certificats ou «clés» non fiables ou frauduleux, qui déclenchent une alerte quand un internaute tente d'y accéder.

Les navigateurs peuvent habituellement mettre à jour quelques dizaines de clés par jour, mais à cause d'Heartbleed, la liste pourrait se monter à plusieurs dizaines de milliers. Et si la vérification dure trop longtemps, les navigateurs pourraient simplement déclarer le site invalide ou retourner un message d'erreur.

«Les gens vont voir des erreurs», prévient Johannes Ullrich. Le danger, selon lui, est que les utilisateurs ignorent ces avertissements.

Alors que des milliers de sites requièrent de nouveaux certificats de sécurité, «certaines autorités de certificats et administrateurs de sites ont fait des erreurs flagrantes», a souligné la société de sécurité informatique Netcraft.

Google a appelé lundi les développeurs d'applications pour téléphones intelligents Android à créer de nouvelles clés de sécurité pour empêcher d'éventuelles failles.

Veo Zhang, spécialiste de sécurité informatique chez Trend Micro, explique que les téléphones intelligents sont potentiellement vulnérables, à la fois parce qu'ils se connectent à des serveurs affectés par Heartbleed, et parce que certaines applications mobiles sont vulnérables.

«Nous en avons trouvé 273 (applications) dans Google Play», c'est-à-dire dans l'univers des applications pour Android, a-t-il écrit sur son blogue.