La décision de la Turquie de bloquer, jeudi soir, l'accès à Twitter et ses menaces contre les autres réseaux sociaux ont eu plusieurs précédents dans le monde.

ÉGYPTE (janvier 2011): Les autorités coupent, le 28 janvier, le réseau internet, alors que le pays est confronté à des manifestations sans précédent contre le régime de Hosni Moubarak. Le réseau des quatre principaux opérateurs égyptiens est rendu inaccessible durant cinq jours afin de neutraliser un outil-clé pour l'opposition. C'est une première mondiale par son ampleur dans l'histoire du Web.

Les réseaux sociaux, tels que Facebook et Twitter, étaient utilisés par les manifestants pour informer l'opinion et indiquer des points de ralliement. Quelque 23 millions de personnes, selon les chiffres officiels, avaient un accès, régulier ou occasionnel, à internet, soit près du quart de la population égyptienne.

IRAN (depuis juin 2009): Les autorités bloquent l'accès à Twitter, Facebook, YouTube, ainsi qu'à de nombreux autres sites internet depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Les principaux programmes pour contourner la censure (réseau virtuel privé ou pare-feu) sont aussi bloqués.

Les opposants utilisaient largement les réseaux sociaux pour mobiliser leurs partisans, appeler à la résistance et diffuser des informations sur les affrontements avec la police et les partisans du régime.

Dans un pays qui compte 34 millions d'internautes pour 75 millions d'habitants, les autorités tentaient depuis plusieurs années de contrôler l'internet, en fermant notamment régulièrement l'accès aux sites de l'opposition politique et aux sites à caractère sexuel. Depuis son élection en juin 2013, le président Hassan Rohani cherche à assouplir les restrictions politiques et culturelles.

BIRMANIE (fin septembre 2007): Les connexions internet sont coupées durant plusieurs jours lors de la «révolte Safran», mouvement de contestation emmené par les moines bouddhistes.

Lors de la répression brutale du mouvement, des blogueurs avaient réussi à diffuser des témoignages et photos-chocs sur la contestation avant que le principal accès à internet ne soit coupé.

Un responsable des télécoms a attribué le problème à «un câble sous-marin endommagé», mais selon une source occidentale à Rangoun la coupure a été ordonnée par la junte. Un célèbre blogueur birman, Nay Phone Latt, a été condamné à vingt ans de réclusion, fin 2008.

Aujourd'hui, les connexions sont toujours ralenties à certaines dates, comme le 8 août, anniversaire d'une autre révolte historique, en 1988. Et les contrôles sont renforcés durant les élections.

En CHINE, où Twitter et Facebook sont interdits, l'internet est soumis à une stricte censure. Les autorités ont tenté d'apurer la Toile de vidéos, photographies ou commentaires d'internautes postés sur les sites chinois lors des émeutes au Xinjiang (ouest) en juillet 2009. Mais ces éléments supprimés ressurgissaient souvent, non expurgés, sur des sites basés hors du pays, tandis que les réseaux sociaux transmettaient des images à toute la planète.

En SYRIE, où une révolte contre le régime de Bachar al-Assad s'est muée en une guerre civile dévastatrice, les réseaux de communication, très utilisés par les opposants, ont été coupés durant trois jours en novembre 2012, dans plusieurs régions, notamment à Damas, l'agence officielle Sana évoquant des «travaux de maintenance».