Viol en ligne, chantage sexuel, arnaques bancaires: la cybercriminalité ne recule devant rien révèle le premier rapport d'activités du Centre européen de lutte contre cette nouvelle forme de criminalité présenté lundi à Bruxelles.

«Les cybercriminels sont très intelligents et nous devons être plus intelligents et plus rapides si nous voulons lutter à armes égales», a averti Cecilia Malmström, commissaire responsable de la Sécurité et des Affaires intérieures lors de la présentation de ce rapport préparé par le Danois Troels Orting, directeur de l'EC3, le centre européen contre le cybercrime.

Les crimes recensés par l'EC3 en une année d'activités dans le darknet, la face sombre d'internet, font froid dans le dos.

Cecilia Malmström a parlé d'images de viols diffusées en direct et suivies en streaming (diffusion en flux continu) par les acheteurs. «Il n'y a pas de téléchargement donc pas de preuve», a-t-elle souligné.

La commissaire a également parlé de «sextorsion» avec des images d'enfants mineurs utilisées pour les contraindre à d'autres activités sexuelles sous la menace de diffuser ces images à leurs parents et à leurs proches.

Troels Ording a pour sa part raconté une escroquerie qui a vu des cartes bancaires à montant limité clonées et transformées en carte de retrait illimité. «Quarante-cinq millions d'euros ont été détournés grâce à cette opération qui a pris deux heures. Plus besoin de prendre son fusil à pompe pour braquer une banque», a-t-il commenté.

Car «n'importe qui peut devenir un cybercriminel», ont insisté les deux intervenants. «Tous les outils sont disponibles en ligne à des prix très raisonnables» pour espionner un ordinateur ou un téléphone portable, a déploré Cécilia Malmström.

Mais l'utilisation de l'internet par le crime organisé prend une tout autre dimension avec des méthodes de plus en plus sophistiquées et des virus de plus en plus agressifs. «Ils opèrent depuis des lieux sûrs, sont difficiles à localiser, utilisent des logiciels qui permettent de masquer les adresses IP, et stockent du matériel illégal dans le nuage», a souligné la commissaire.

«Quelque 85 % des crimes découverts sont liés à la criminalité russophone», a pour sa part précisé Troels Ording. «Il faut déjà comprendre le russe parlé par ces organisations qui opèrent hors de l'UE», a-t-il souligné.

Troels Ording a confessé être «un peu préoccupé par les défis posés par la lutte contre la cybercriminalité».

Car Cecilia Malmström a insisté sur la nécessité de laisser l'internet ouvert dans l'UE. «C'est ce qui différencie les démocraties des dictatures», a-t-elle commenté.

Pour limiter les risques, l'UE va chercher à sensibiliser davantage les utilisateurs, et surtout les enfants, sur les dangers de l'internet. Elle compte également faire appel à des «pirates blancs», formés aux techniques des hackers, pour tenter de déjouer leurs attaques.