Le gouvernement américain a annoncé lundi qu'il permettrait aux géants d'internet de rendre publiques davantage d'informations concernant leurs clients surveillés par le renseignement américain.

Le ministre de la Justice Eric Holder et le directeur de la sécurité nationale James Clapper ont précisé que ces grands groupes seraient autorisés à dévoiler «plus d'informations que jamais» sur leurs clients, notamment le nombre de comptes clients surveillés à la demande des agences de renseignement.

Dans une lettre adressée aux responsables juridiques des géants Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft et Yahoo!, M. Holder détaille «les moyens supplémentaires à la disposition de (leur) entreprise» pour informer et répondre aux demandes de leurs clients.

En contrepartie, les groupes ont retiré la plainte qu'ils avaient déposée auprès du tribunal secret chargé d'ordonner les programmes de surveillance (FISC, Foreign Intelligence Surveillance Court).

«Bien que ces métadonnées étaient justement classées secrètes jusqu'à aujourd'hui, le bureau du directeur du Renseignement national en consultation avec d'autres ministères et agences, a déterminé que l'intérêt du public de les voir publiées l'emportait désormais sur les préoccupations de sécurité nationale qui exigeaient cette classification», peut-on lire encore dans le communiqué.

«Conformément aux directives du président (Obama) dans son discours du 17 janvier», les nouvelles méthodes mises en place par le gouvernement permettent aux groupes américains d'internet de rendre publics le nombre de requêtes qu'ils ont reçues du renseignement national, le nombre d'ordres émanant du FISC et le nombre de comptes clients placés sous surveillance, précise le ministre de la Justice dans sa lettre aux géants d'internet. Ils auront la possibilité de donner ces informations par groupes de 1000 ou de 250.

«Nous sommes satisfaits que le ministère de la Justice ait accepté que nous et d'autres groupes puissions divulguer ces informations», ont réagi dans un communiqué commun Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft et Yahoo!.

«Le grand public a le droit de connaître le volume et le type de demandes de sécurité nationale reçues», ont poursuivi les groupes, pour expliquer la raison pour laquelle ils avaient porté plainte.

«Bien que cette démarche soit très encourageante, nous continuons à exhorter le Congrès à prendre les mesures supplémentaires pour approuver les réformes que nous croyons nécessaires», ont-ils ajouté.

«C'est une victoire pour la transparence et une étape déterminante pour maîtriser une surveillance excessive par le gouvernement», s'est félicité Alex Abdo, avocat de la puissante Union américaine de défense des libertés (ACLU).

«Les entreprises doivent être autorisées à donner des informations de base sur ce qu'elles fournissent au gouvernement, afin que les Américains puissent décider par eux-mêmes si l'espionnage de la NSA va trop loin», a-t-il ajouté dans un communiqué.

S'il juge «louable que les entreprises aient poussé le gouvernement à plus d'ouverture», M. Abdo exhorte le Congrès à exiger plus du gouvernement.

«Une transparence significative donnerait aux entreprises la possibilité de publier le nombre précis de demandes reçues pour un type précis de données à la demande d'autorités juridiques précises», a estimé de son côté Kevin Bankston de la New America Foundation, un centre de réflexion.

«Donner à la louche des nombres par groupes de mille -- et même pire (...), ne sert pas la sécurité nationale ni ne permet d'évaluer efficacement comment ces pouvoirs sont utilisés», estime-t-il.