Les patrons du secteur de la high-tech réunis mercredi à Davos se sont inquiétés des contrecoups pour leurs entreprises du scandale de la collecte illicite de données par les gouvernements, notamment des États-Unis.

Les bouleversements économiques provoqués par l'avènement des nouvelles technologies sont logiquement inscrits au programme du forum économique mondial de Davos qui a commencé ses travaux mercredi.

Ce rendez-vous annuel suit de quelques jours l'annonce par le président américain Barack Obama de la mise en place de garde-fous pour limiter les pouvoirs de la NSA, l'agence américaine de renseignement.

«Ça a été un peu le Far-West autour du monde», a commenté sur ce sujet le patron de Cisco, John Chambers, lors des débats à Davos.

«Nous devons être capables de rétablir un lien de confiance avec les utilisateurs», a renchéri Marissa Mayer, son homologue du groupe internet Yahoo! lors de la même séance de discussions, consacrée à la révolution numérique.

«La confiance a pris un coup, pas seulement aux États-Unis, mais aussi sur la scène internationale, dans des pays vraiment préoccupés par ce que la NSA observe», a expliqué Mme Mayer.

Les révélations en 2012 du sous-traitant de la NSA Edward Snowden sur le fait que l'agence américaine espionnait des communications à travers le monde à grande échelle, y compris chez ses alliés, a déclenché un séisme diplomatique.

Les utilisateurs «ont besoin de pouvoir comprendre quel type de données on (les autorités) nous demande et comment ces données vont être utilisées», a ajouté la patronne de Yahoo!

Les autorités locales aux États-Unis ont déjà transmis à son groupe des éléments expliquant pour quels types de cas leurs données pouvaient être utilisées, a-t-elle précisé, estimant que la NSA devrait faire de même.

Vendredi dernier, Barack Obama a annoncé son intention de réduire les pouvoirs de l'agence de renseignement NSA en réformant la collecte de données téléphoniques, sans pour autant y renoncer, et en promettant de ne plus espionner les dirigeants de pays amis.

Les appréciations sur ce projet divergeaient à Davos entre entrepreneurs et représentants de la société civile.

Le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty a dénoncé «un faux débat entre sécurité et protection des citoyens», affirmant qu'il «ne peut pas y avoir de surveillance de masse, c'est simplement une violation du droit international».

Selon un sondage publié mardi, la réforme annoncée par le président Obama n'a pas convaincu les Américains, dont les trois quarts considèrent qu'elle n'améliorera pas la protection de leur vie privée.

Pour Gavin Patterson, patron de l'opérateur British Telecom, «c'est encore opaque pour le moment», même si ce dirigeant considère qu'un anonymat préservé à 100% n'est pas possible compte tenu des problèmes de sécurité.

Pour Randall Stephenson, patron du groupe de télécoms américain AT&T, le débat a vraiment commencé en 2001 après les attentats du World Trade Center, lorsque la sécurité est devenue une préoccupation majeure.

Alors que désormais le curseur fait un chemin inverse et doit trouver un point d'équilibre, «les clients ont réellement beaucoup de choses à dire sur le point où doit se trouver le curseur», selon lui.