De plus en plus d'interactions se développent entre les cybercriminels et le crime organisé, a indiqué jeudi l'association de référence Clusif dans son rapport annuel.

«La cybercriminalité a gagné du terrain dans le monde réel. Une tendance se confirme avec l'emploi de services cybercriminels par des criminels traditionnels, et il y a une multiplication des cas (de criminalité) impliquant l'utilisation de moyens numériques», résume le Clusif dans son Panorama 2013.

«Il y a des croisements et une vraie interaction entre ces deux types de groupes criminels, et cela sans forcément de contacts physiques», a relevé Eric Freyssinet, chef de la division de lutte contre la cybercriminalité à la Gendarmerie nationale, lors d'une conférence de presse.

M. Freyssinet parle d'une «internationalisation de la criminalité organisée avec des passerelles entre deux univers. Et la France est très ciblée par ces acteurs-là, sur certains serveurs qui ont été retrouvés par (la société de sécurité) Symantec, il n'y avait que des données d'entreprises françaises», souligne-t-il.

Il cite en exemple un groupe criminel «a priori basé en Israël» qui a fait appel à des cybercriminels «apparemment basés en Ukraine pour collecter des informations sur les postes de travail d'entreprises ciblées, comme des mots de passe, des numéros de cartes bancaires dans le cadre de virements».

Le Clusif souligne que l'année 2013 a été «riche» en arrestations de cybercriminels, notamment liés à la nébuleuse Anonymous, «mais ils n'ont pas disparu pour autant: les coups d'arrêt portés à ces activités sont temporaires et les services fermés rouvrent dans des délais très courts», indique le rapport.

«Les méthodes employées par le collectif ont été reprises et améliorées par les cercles cybercriminels», juge le Clusif. Et si 2013 a été «l'année de la décomposition» du système Anonymous, «le mouvement a été victime de son succès et des opportunistes se sont servis du mouvement comme un paravent pour revendiquer» leurs actions et «reprennent les codes du mouvement», juge Fabien Cozic, consultant en cybercriminalité pour le cabinet Lexsi.

Anonymous se présente comme un mouvement international d'internautes pour la défense des libertés. Il s'attaque à des intérêts privés comme Sony, Amazon et Visa, mais aussi aux systèmes informatiques des États. En octobre, 13 membres présumés de ce collectif de pirates informatiques ont été inculpés aux États-Unis pour une série d'attaques contre des sociétés et organisations américaines.