Depuis quelques mois, les vidéos Draw My Life déferlent sur YouTube: les jeunes vedettes d'internet y racontent leur vie en croquis enfantins, dévoilant souvent une adolescence malheureuse sauvée par le web.

Ce phénomène a explosé depuis avril sur la Toile, tant en Amérique qu'en Espagne, Allemagne ou Grande-Bretagne.

YouTube compte déjà plus de 2,8 millions de Draw My Life.

La mode est née en janvier, lancée par Sam Pepper, un Youtuber (auteur de vidéos postées sur YouTube) britannique. Il a été vite imité par les Youtubers célèbres, comme les humoristes américains Shane Dawson et Anthony Padilla (membre du duo Smosh, n° 2 mondial sur YouTube) ou encore le «gamer» suédois PewDiePie (n° 1).

Le style simplissime des Draw My Life crée une complicité avec l'internaute: il suffit d'un marqueur et de quelques feuilles de papier, ou d'un tableau blanc, pour raconter sa vie, en voix off, dans une vidéo de 5 à 20 minutes. Seule image, la main de l'auteur qui dessine ses personnages-bâtons en accéléré.

Mais le ton toujours neutre et enjoué masque souvent la confession d'une enfance malheureuse, comme si beaucoup de ces Youtubers avaient trouvé dans leur webcam le remède à leur mal-être. Tous âgés de 17-25 ans, ils ont vu naître YouTube (créé en 2005) pendant leur adolescence. Leur histoire est aussi celle de ce nouveau média.

Shane Dawson, 25 ans, humoriste souvent triste, y raconte son père violent et son enfance en surpoids; Anthony Padilla, 25 ans, décrit son hypertimidité et ses attaques de panique. Ryan Higa (pseudo NigaHiga), 23 ans, raconte son mépris de soi, son obésité enfantine, son manque d'amis. Et le «gamer» Pew DiePie, 23 ans, le plus suivi du web, narre une enfance triste et renfermée. Son récit a été visionné presque 9 millions de fois.

«Comme ça on sait tout d'eux, leur enfance, leur maison, leurs amis. Ils nous parlent directement, j'ai l'impression que ce sont des amis. Ce n'est pas du tout comme aimer une vedette de cinéma», résume Ophélie, 15 ans.

Nouveau style narratif

Les Draw My Life se terminent souvent sur un message d'espoir à l'américaine, du genre «on peut s'en sortir, ne te décourage pas». L'arrière-pensée commerciale n'est pas absente puisque les «vloggers» (vidéastes blogueurs) vivent de leur succès - grâce aux publicités, un million de vues sur une vidéo peut rapporter au moins 1000 dollars). Mieux encore, la gourou américaine des vidéos de maquillage, Michelle Phan, dont le Draw My Life a été vu 3 millions de fois, vient de lancer sa propre ligne de cosmétiques.

Les Draw My Life propagent leur style narratif si particulier: des parodies hilarantes circulent, vues des millions de fois, comme celui du dictateur coréen Kim Jong-un, de Harry Potter ou de Superman. Et la publicité commence à s'inspirer de ce nouveau genre.