Le site internet letton ask.fm, pris dans une avalanche de critiques au Royaume-Uni après le suicide d'une jeune fille victime de harcèlement sur ce réseau social, promet d'améliorer son fonctionnement, tout en dénonçant ce qu'il considère comme un emballement médiatique.

Hannah Smith, une Britannique de 14 ans, s'est pendue le 2 août après avoir reçu sur ce site des messages insultants sur son physique, certains l'ayant même incité à se tuer, a raconté son père.

Ce drame a déclenché un vif débat sur le fonctionnement de ce réseau social qui permet à n'importe quel internaute d'envoyer des messages de façon anonyme à un utilisateur du site.

Le rôle de ce site a été mis en cause par la presse dans au moins quatre autres suicides d'adolescents en un an, en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Le premier ministre britannique David Cameron a appelé à boycotter ce genre de sites, qu'il a qualifiés d'«abjects», tandis que plusieurs entreprises ou associations ont annoncé avoir pris des mesures pour ne plus diffuser de publicité sur ask.fm que certains, comme le père d'Hannah Smith, ont appelé à fermer.

Mis en service en 2010 par les frères Mark et Ilja Terebin, âgés de 29 et 35 ans, le site a son siège en Lettonie et a plus de 70 millions d'inscrits dans le monde, avec 13,2 millions d'utilisateurs quotidiens.

Surpris par l'ampleur de la polémique, les frères Terebin ont promis d'améliorer son fonctionnement.

«Nous avons engagé des conseillers pour effectuer un audit complet et indépendant», ont-ils annoncé dans un communiqué, promettant d'embaucher «plus de modérateurs».

Le site envisage également d'empêcher l'accès des utilisateurs anonymes à certaines rubriques, afin de les inciter à s'inscrire, et de mettre en place un site séparé pour fournir de l'information aux parents.

Le nombre des utilisateurs d'ask.fm a augmenté de façon spectaculaire depuis son démarrage en 2010. «C'est une success story typique», avait commenté en juin un de ses dirigeants, Klavs Sinka, 25 ans, sur la chaîne de télévision locale TV3.

Mais dans le monde trépidant des technologies de l'information, le succès peut rapidement tourner court.

«Tout ce que nous disons est déformé par les médias», s'est récemment plaint M. Sinka, évoquant la polémique au Royaume-Uni, dans une interview à la chaîne de télévision britannique ITN.

«Les médias frappent à la mauvaise porte. Il faut aller au fond du problème et trouver ses racines (...) C'est comme blâmer le téléphone, la feuille de papier et le stylo», avait déjà affirmé Mark Terebin, commentant l'an dernier la réaction des médias au suicide de deux jeunes Irlandaises qui communiquaient sur ask.fm.

«Ils sont embarrassés. Ils font tout ce qu'ils peuvent faire pour améliorer le site mais la pression qu'ils subissent et l'image négative du site qui en ressort leur paraissent injustes», dit à l'AFP Kristine Zilde, la journaliste ayant effectué les deux interviews accordées à TV3 et ITN.

En Lettonie, l'affaire a eu pour l'instant un impact limité. Moins d'1% des deux millions d'habitants de ce pays balte sont utilisateurs d'ask.fm. Néanmoins, les géants tels que Facebook et Twitter y ont une audience moindre qu'un autre site letton, draugiem.lv.

Le secteur des technologies de l'information a pris la défense d'ask.fm. «Le plus important dans cette affaire c'est que, selon les informations qui ont été publiées, ask.fm fasse montre de bonne volonté et étudie la situation», a estimé l'organisation lettonne du secteur dans un communiqué parvenu à l'AFP.

L'éditorialiste letton Karlis Langins regrette de son côté l'image véhiculée dans les médias britanniques du site letton.

«C'est encore une histoire où les parents s'en prennent à tout le monde pour la mort de leur enfant et où les hommes politiques ont une réaction populiste. C'est une solution de facilité, ils ont une cible facile à désigner», dit-il à l'AFP.