L'Estonie, très en pointe sur les technologies informatiques, a mis en garde l'Union européenne sur l'utilisation du «cloud computing», le stockage des données en ligne, proposé par les sociétés américaines.

«Les derniers mois ont une nouvelle fois prouvé qu'il est très important pour l'Europe d'élaborer ses propres systèmes de stockage de données en ligne sous la législation européenne», a déclaré le président estonien Thoomas Hendrik Ilves dans un communiqué.

Le président estonien a fait cette déclaration après un entretien avec la Commissaire européenne responsable de la stratégie numérique Neelie Kroes et sur fond de tensions suscitées par des révélations sur un vaste programme d'espionnage américain en Europe.

La technologie du «cloud computing» permet à l'utilisateur de sauvegarder ses données et ses applications informatiques sur des serveurs distants (comme sur des nuages) et de les exploiter en passant par internet, au lieu de les stocker localement sur des disques durs.

Certains dénoncent les risques pour les utilisateurs de cette technologie de perdre le contrôle de leurs données, voire même de les perdre totalement ou encore de permettre à d'autres d'y accéder.

«À l'heure actuelle 95% du cloud computing utilisé dans l'UE est fait par des sociétés américaines», a averti Thoomas Hendrik Ilves .

«La législation européenne de protection des données doit être mise à jour et nous devons comprendre que les grands groupes privés ont les moyens de rassembler plus d'informations qu'un État».

Les relations entre l'Union européenne et les États-Unis ont été mis à l'épreuve après les révélations de l'ex-consultant américain Edward Snowden concernant les activités d'espionnage de l'Agence nationale de sécurité américaine sur des missions diplomatiques européennes.

Mercredi, le ministre estonien des Affaires étrangères a demandé des explications à l'ambassadeur américain à Tallinn demandant des explications au sujet des accusations d'espionnage.

L'Estonie, pays de 1,3 million d'habitants, est l'un des pays d'Europe les plus connectés à l'internet.

C'est à Tallinn que l'OTAN a créé en 2008 un Centre de recherche et de formation à la cyberdéfense (CCDCOE) où des experts en informatique européens et américains travaillent sur des systèmes de protection des réseaux informatiques de l'Alliance atlantique en cas de cyberattaques.