Avec Qwant, le moteur de recherche lancé jeudi dans la jungle internet, ses fondateurs français veulent proposer une alternative au géant Google en affichant sur un seul écran plusieurs domaines de réponses pour la même requête, dont les réseaux sociaux et le shopping.

«Il faudrait être fou pour vouloir remplacer Google. Faire du Google contre Google, ce n'est pas possible, alors autant faire différemment: nous proposons un service différent et une expérience plus ouverte, et qui n'est pas que de la recherche», résume à l'AFP Éric Léandri, directeur général.

Après avoir tourné en bêta depuis le mois février, qwant.com a lancé sa version officielle jeudi en vingt-cinq langues et dans quinze pays.

Pendant les quatre mois de test, le site a attiré quelque 3,5 millions de visiteurs et a enregistré 250 millions de requêtes, selon ses fondateurs. «70% des visiteurs reviennent sur le site après une première visite, et la durée de visite moyenne est de six minutes, ce qui veut dire que les internautes restent sur le moteur et ne l'utilisent pas seulement comme une page d'entrée du web, comme Google», estime M. Léandri.

L'objectif de Qwant est de faire en sorte que l'internaute «voit tout, d'un seul coup. Internet est devenu tellement vaste que pour trouver une réponse à une question ouverte, c'est d'autant plus difficile qu'il faut aller sur un site, cliquer, sortir, aller sur un autre site, etc. On voulait tout rassembler et répondre à ce besoin d'avoir tout d'un seul coup d'oeil», résume le président-fondateur de Qwant, Jean-Manuel Rozan.

Lorsque le visiteur tape sa requête, le site lui propose à l'écran plusieurs colonnes rassemblant des champs de réponse différents, en lien avec le mot recherché: du «web» (de l'information générale, comme Wikipédia), du «Live» (informations, articles de presse), du «Social» (essentiellement Facebook et Twitter) et du «Shopping» (lien vers des sites).

Moteur ou agrégateur?

Lors de son premier lancement en février, les fondateurs de Qwant avaient été sévèrement critiqués, par des blogueurs ou des spécialistes du secteur, qui les accusaient de qualifier Qwant de «moteur de recherche» alors qu'il se rapprochait plus selon eux d'un agrégateur de contenus déjà présents sur le web.

«On a utilisé l'ensemble des possibilités offertes par le web, tout en ayant un vrai moteur de recherche derrière avec nos propres algorithmes, classements et index», explique Éric Léandri, qui reconnaît toutefois que Qwant «utilise Bing (le moteur de recherche de Microsoft, NDLR) pour les photos, pour des raisons de coût».

Qwant a bénéficié d'un financement de 2,8 millions d'euros et emploie directement une vingtaine de personnes. Outre le fait qu'il est labellisé «français» avec des serveurs informatiques basés en France et que 80% de son capital est détenu par ses fondateurs français, le moteur met également largement en avant sa politique en matière de données personnelles.

Il se définit ainsi comme «cookie-free», en allusion à ces petits fichiers suivant l'internaute à la trace et qui permet de lui proposer de la publicité très finement ciblée.

«Nos cookies ne servent pas à vous suivre, vous tracer. Tout ce que l'on a sur vous, c'est ce que vous avez posté publiquement en-dehors de Qwant. Si vous vous connectez sur Facebook ou Twitter (depuis Qwant), les informations publiques que vous affichez sur ces réseaux - comme un voyage ou un achat - peuvent être utilisées pour augmenter la +pertinence+ des réponses aux requêtes dans la colonne shopping de Qwant», détaille Éric Leandri.