La pub sur l'internet est une jungle dans laquelle une chose importe plus que tout: être dans les bonnes grâces de Google. Et TenScores est une boîte montréalaise qui veut aider les entreprises à y parvenir.

Le fait est peu connu des non-initiés, mais Google joue un peu les professeurs sur l'internet en attribuant des notes à ceux qui achètent de la publicité chez lui.

Ces «cotes de qualité» vont de un à dix et sont attribuées en fonction d'un processus complexe qui évalue le potentiel de la pub à bien rejoindre les internautes.

Pour les annonceurs, cette note a une importance primordiale. Un mauvais élève qui a une cote de seulement un sur dix paiera en effet sa pub beaucoup plus cher que le chouchou de Google qui a une note parfaite. Il aura aussi une moins bonne visibilité et se verra privé de plusieurs options.

«Si tu sais comment ça marche, tu peux travailler pour changer ton score de qualité. Mais ce n'est pas évident. Et c'est pour ça qu'on est là», dit Christian Nkurunziza, cofondateur de TenScores.

Cette connaissance des rouages des cotes de qualité, M. Nkurunziza l'a apprise à la dure. Il y a quelques années, ce Belge d'origine est débarqué à Montréal pour y faire ses études. Faisant face aux droits de scolarité élevés exigés aux étudiants étrangers, il s'est lancé dans la pub sur l'internet pour payer ses factures.

Le jeune homme s'est trouvé des clients, puis s'est improvisé consultant en leur achetant des mots-clés sur Google pour leur donner une visibilité. Le succès, au début, fut pour le moins mitigé.

«J'ai perdu beaucoup d'argent, raconte M. Nkurunziza en riant. En fait, j'ai perdu 5000$, mais, pour un étudiant, c'est beaucoup d'argent. La pub que je faisais n'était pas efficace.»

Ce que M. Nkurunziza a perdu en argent, il l'a cependant gagné en expérience. Au fil d'un long exercice d'essais et erreurs, il a fini par comprendre comment améliorer la cote de qualité de ses clients. Et a élaboré une méthode systématique pour y parvenir.

Puis, un ami belge du jeune homme, Chrétien Mwizerwa, est débarqué à son tour à Montréal. Comme le hasard fait bien les choses, Chrétien est programmeur informatique. Il s'est intéressé au travail de son ami. Et s'est mis en tête de l'automatiser pour en faire une plateforme informatique.

Ce qui allait devenir TenScores - un clin d'oeil à l'objectif d'atteindre une cote parfaite de dix - était né.

De l'aide et des conseils

Au début de l'année 2012, Christian et Chrétien prennent une décision: tenter d'entrer dans l'accélérateur d'entreprises FounderFuel, un véritable camp de développement pour jeunes entreprises piloté par le fonds de capital de risque montréalais Real Ventures.

«Ni Chrétien ni moi n'avions développé d'entreprise par le passé, explique Christian. On avait besoin d'argent pour se lancer à temps plein, mais on avait aussi besoin d'être conseillés.»

TenScores est acceptée dans le programme et l'aventure s'avère fructueuse. À sa sortie, l'équipe décroche un financement de 150 000$ offert par la Banque de développement du Canada aux entreprises de FounderFuel les plus prometteuses. TenScores embauche son tout premier employé, le programmeur Alexandre Bourget.

Aujourd'hui, Christian Nkurunziza décrit sa solution comme un «consultant virtuel». Les entreprises intéressées à améliorer leur cote auprès de Google n'ont qu'à s'inscrire sur le site de TenScores. La plateforme se mettra alors en branle et proposera des actions à prendre pour améliorer la note.

Selon M. Nkurunziza, il faut un minimum de deux semaines pour faire progresser une cote de qualité auprès de Google. Le coût: de 9 à 1000$ par mois, selon l'ampleur de la campagne publicitaire à gérer.

D'autres entreprises, dont la québécoise Acquisio, offrent aussi des services permettant d'améliorer la publicité sur l'internet. Mais TenScores vise surtout les petites entreprises qui n'ont pas les moyens de se payer des solutions dispendieuses.

«On veut que la publicité internet ne soit plus un poids pour les entreprises, même si elles n'ont pas de connaissances ou de grands budgets marketing», dit M. Nkurunziza.

Après avoir offert une version expérimentale de sa solution à une centaine de clients, TenScores a lancé en décembre dernier la véritable version commerciale. Elle dit compter aujourd'hui environ 150 clients.

La suite? À terme, TenScores aimerait faire davantage que travailler sur la cote de qualité.

«On veut automatiser l'ensemble du processus de pub», dit Christian Nkurunziza... qui préfère cependant garder le secret sur les prochaines offres de TenScores.

TenScores

Qui: Les fondateurs Christian Nkurunziza et Chrétien Mwizerwa et le programmeur Alexandre Bourget.

L'idée: Une plateforme qui permet d'améliorer la cote de qualité des publicitaires auprès de Google.

L'ambition: Automatiser l'ensemble du processus de création de publicité sur Google pour que ce ne soit plus un poids pour aucune entreprise, peu importe sa taille.

Ils y croient et y ont misé de l'argent:Le fonds de capital- risque Real Ventures a une participation de 6% dans TenScores, et la Banque de développement du Canada a accordé un prêt de 150 000$ qui peut être converti en actions.