Certes, ce n'est pas demain qu'il sera surpris en flagrant délit de gazouillis pendant une homélie. L'arrivée de Benoît XVI sur Twitter est cependant une bonne nouvelle pour ses ouailles... et pour ses détracteurs, qui ont déversé leur fiel sur le site de microblogage avant même le premier tweet papal. L'opération de modernisation du Vatican se retournera-t-elle contre lui?

Ce n'est pas tous les jours qu'un compte Twitter est lancé devant 150 journalistes internationaux. Qui plus est, en l'absence de son détenteur. Autant de preuves, s'il en faut, de la puissance du chef de l'Église catholique.

Les stratèges de communication du Vatican ont annoncé hier son entrée dans l'ère Twitter; le pape rédigera ses «pilules de sagesse» en anglais de l'adresse @pontifex dès le 12 décembre prochain. Ses tweets seront traduits en sept autres langues, dont le français (@pontifex_fr).

Non, il n'écrira pas sur ses chaussures Prada préférées. Comme premier gazouillis, il répondra à une question d'un abonné au sujet de la foi. Recruté par le Vatican en juin dernier en plein scandale «Vatileaks», l'ancien journaliste de Fox News Greg Burke a expliqué la vocation du compte.

«Il partagera essentiellement des messages spirituels, a dit le directeur des communications du Vatican. Tous ses tweets seront les siens. Personne ne mettra de mots dans sa bouche.» Le format des tweets se prête d'ailleurs bien aux versets de l'Évangile, a-t-il insisté.

Le compte personnel du souverain pontife avait déjà récolté 14 000 abonnés une heure après la diffusion de son adresse, et plus de 365 000 abonnés en début de journée aujourd'hui.

Modernisation

L'incursion du pape sur le site de microblogage survient trois ans après le lancement de la chaîne du Vatican sur YouTube. Aussi bien dire une éternité sur la planète Twitter. En comparaison, le dalaï-lama diffuse ses préceptes bouddhistes en 140 caractères depuis deux ans à cinq millions d'abonnés.

C'est d'ailleurs Twitter qui a sondé le Vatican au printemps dernier, et non le contraire. «Ils étaient très réceptifs, dit Claire Diaz-Ortiz, directrice de l'innovation de Twitter, après la conférence de presse. Nous avons seulement dû les rassurer sur les dangers que le compte soit piraté.»

Une autre concession difficile pour le Vatican, et qui explique peut-être ses tergiversations, était d'exposer l'homme de 85 ans aux insultes. D'ailleurs, des tweets diffamatoires abondaient déjà hier à son attention.

«Quand vous avez aidé à dissimuler le viol d'enfants par des prêtres, avez-vous consulté Dieu en premier», a demandé Patrick Strudwick, journaliste britannique indépendant sous le pseudonyme @PatrickStrud.