Une plainte contre le PDG de Twitter, Dick Costello, sera déposée s'il décide de «maintenir en connaissance de cause des tweets antisémites», a déclaré Jonathan Hayoun, le président de l'UEJF, en conférence de presse.

Il a ajouté que Twitter devait «respecter la loi française».

Jonathan Hayoun s'est entretenu avec Twitter et ses responsables ont expliqué dans un premier temps qu'ils ne supprimeraient aucun tweet, en accord avec leur politique de ne pas se donner de droit de regard sur le contenu des messages publiés sur leur réseau. Seule une injonction policière pourrait les amener à étudier la question, a indiqué M. Hayoun.

Ils n'ont «pas pris la mesure» de «ce qu'est le racisme et l'antisémitisme en France» et considèrent les tweets incriminés par l'UEJF comme «un contenu licite comme un autre», a déploré le président de l'association juive.

La semaine dernière, un grand nombre de tweets marqués unbonjuif ont été échangés sur Twitter, certains à caractère antisémite.

«Ces tweets en français doivent respecter la loi française», affirme-t-on à l'UEJF. «Notre action est de faire en sorte d'arrêter le déferlement de propos antisémites», a renchéri M. Hayoun, évoquant un contexte «dégradé» et une «recrudescence des actes antisémites en France». Twitter a «les yeux rivés sur la justice américaine qui permet une liberté d'expression quasi absolue», a déclaré Stéphane Litli, l'avocat de l'UEJF.

L'UEJF va ainsi notifier officiellement à Twitter la présence de contenus illicites sur leur site en même temps que sera déposé le référé devant un juge français pour exiger le retrait de ces contenus. Une plainte devant le juge correctionnel sera déposée si Twitter refuse de retirer ces tweets. L'avocat de l'association a également fait savoir qu'il souhaitait demander l'identification des émetteurs de certains messages antisémites afin de porter plainte contre eux.

Selon Me Litli, au vu de l'échange téléphonique entre l'association et les responsables de Twitter, il est peu probable que ces derniers «consentent» à coopérer.

Tout de même, Twitter a bloqué cette semaine pour la première fois un compte en utilisant un nouvel outil lui permettant de censurer le contenu de façon circonscrite dans un pays. Le site a ainsi éclipsé un groupe allemand néo-nazi à la requête des autorités locales.

Le compte en question a été bloqué seulement en Allemagne, où son contenu est considéré illégal.

La mise en place du nouvel outil avait été annoncée au début de l'année, mais il s'agit du premier cas signalé par le site de microblogage.

L'UEJF va demander le soutien du ministère de la Justice dans cette affaire. Les responsables de l'UEJF ont aussi fait savoir qu'ils allaient rencontrer Fleur Pellerin, la ministre française de l'Économie numérique, mardi prochain. Jonathan Hayoun y voit l'occasion de «renforcer le combat contre le racisme et l'antisémitisme sur internet».