Construire des châteaux. Faire des mots croisés. Gérer une ferme. Il ne manque pas de jeux sur Facebook pour qui veut s'amuser. Mais rien pour allumer des irréductibles du jeu vidéo comme les gars de Vandal Games.

«Nous, on joue depuis 15 ans et il n'y a rien pour nous là-dedans. Ce sont des jeux pour les mères de famille à la maison et les grands-mères qui veulent jouer au bingo sur l'internet», lance Vincent Archambault, l'un des trois cofondateurs de Vandal Games avec Kien-Van Tram et Thanh Binh Ma Phung.

Le jeu qu'ils n'ont pas trouvé sur Facebook, les trois jeunes dans la vingtaine ont décidé de le créer. Le hic: ils sont adeptes de jeux multijoueurs dans lesquels des internautes de partout dans le monde s'affrontent en temps réel. Et la technologie pour rendre ça possible sur Facebook n'existe pas.

On devrait écrire n'existait pas. Parce que les outils technologies nécessaires à leurs ambitions, l'équipe de Vandal Games les a construits de toute pièce. Ils ont ensuite bâti leur jeu, intitulé Big Story, Little Heroes, qui permet à des joueurs de se regrouper en équipes pouvant compter jusqu'à 10 membres et de s'affronter en temps réel dans des univers virtuels.

«C'est vraiment un jeu de bagarre, dit avec une satisfaction évidente Kien-Van Tram, le président de l'entreprise. Tu choisis ta classe, tu vas sur un champ de bagarre et tu te bats.»

Le jeu est actuellement offert en version limitée. Environ 4000 joueurs l'ont testé, permettant à l'équipe de recueillir les commentaires et de régler les derniers bogues. Le lancement officiel est prévu pour octobre.

«On va être les premiers à lancer un jeu multijoueurs en temps réel sur Facebook», dit Kien-Van Tram.

Parmi ceux qui ont déjà essayé Big Story, Little Heroes se trouve Miguel Caron, un vieux routier de l'industrie du jeu vidéo qui dirige le studio montréalais de Funcom - une entreprise spécialisée dans les jeux de type «massivement multijoueurs» qui ont inspiré les gars de Vandal Games.

«Je suis vraiment impressionné et surpris de ce qu'ils ont pu développer en un si court laps de temps et avec si peu d'argent», dit M. Caron, qui confirme qu'il n'existe pas vraiment d'équivalent ailleurs dans le monde.

«De notre côté, nous faisons des jeux permettant de réunir des millions de joueurs en même temps. Ça requiert une technologie très lourde et très dispendieuse. Ce que Vandal Games a été capable de faire, c'est d'amener ça à plus petite échelle et de permettre à ce type de jeu d'être joué à travers Facebook», explique-t-il.

Une vraie startup

Vandal Games est une entreprise qui fonctionne encore avec les moyens du bord. Fondation du maire, bourse de l'École de technologie supérieure, concours québécois d'entrepreneuriat, alouette: l'entreprise a longtemps surfé sur les bourses pour financer ses idées. Elle a aussi récolté une petite somme (moins de 100 000$) auprès d'une poignée d'anges financiers.

La dizaine d'employés qui planchent dans les locaux de l'entreprise, situés au Centech, l'incubateur technologique de l'École de technologie supérieure, sont avant tout des passionnés qui croient au projet.

«Il y en a qui sont payés au salaire minimum, il y en a qui ne reçoivent aucun salaire», dit Kien-Van Tram.

L'avenir? On sent que les gars de Vandal Games ne s'en préoccupent pas trop. «Pour l'instant, on veut lancer notre jeu correctement, c'est tout», dit le président. Mais d'autres titres pourraient bientôt suivre.

«Il a fallu un an pour faire le premier jeu parce qu'on a dû bâtir la plateforme technologique. Maintenant, on va pouvoir aller beaucoup rapidement», dit Vincent Archambault.

Surtout, surtout, n'allez pas insinuer que Vandal Games pourrait un jour devenir le futur Zynga, ce géant californien des jeux sur Facebook qui est inscrit au NASDAQ. De toute évidence, ni les jeux ni la philosophie de l'entreprise ne plaisent ici. Dans la bouche des fondateurs, l'expression «contrairement à Zynga» est d'ailleurs régulièrement utilisée pour commencer une phrase.

«Zynga, c'est pour l'argent. Nous, c'est pour le fun», nous lance un jeune employé du fond du bureau.

Bien noté. Et toutes nos excuses.

Qui:

Les fondateurs Kien-Van Tram, Thanh Binh Ma Phung et Vincent Archambault et une demi-douzaine d'autres employés.

L'idée:

Faire de « vrais jeux pour les vrais joueurs » sur Facebook.

L'ambition:

Lancer sur Facebook le tout premier jeu multijoueurs coopératif en temps réel de l'histoire. Puis en créer d'autres pour augmenter l'offre. Ils y croient et y ont misé de l'argent : Une poignée d'anges financiers québécois.