Plus discret que les grandes foires technologiques de Las Vegas ou Barcelone, le Cebit de Hanovre (nord de l'Allemagne) affiche sa sérénité pour l'édition 2012, qui voit les grands noms de l'internet s'approprier un salon jusqu'ici surtout consacré à la technologie pure.

«Ce ne sont pas les chiffres de fréquentation qui comptent, mais les contrats qui sont signés» lors de ce rendez-vous, qui se tiendra cette année du 6 au 9 mars: Reinhold Umminger, vice-président de la société organisatrice, balaye d'un revers de main les questions sur la fréquentation d'une foire à la réputation pas forcément glamour.

Depuis plusieurs années, le Cebit cherche à se positionner face aux salons plus grand-public de Las Vegas (CES), de Berlin (IFA) ou de Barcelone (World Mobile Congress), riches en présentations de nouveaux gadgets.

Ce salon a réussi, selon M. Umminger, à «stabiliser les chiffres des visiteurs comme des exposants», en renouant avec ses origines: une foire destinée avant tout aux affaires.

80% de la surface d'exposition est consacrée aux professionnels, le restant étant partagé entre un espace pour les technologies destinées aux administrations, un espace pour les particuliers, et un espace plus futuriste consacré à la recherche.

M. Umminger n'est pourtant pas peu fier de prédire une hausse de 2% du nombre d'exposants cette année, à 4200.

Mais ce qui réjouit encore davantage les organisateurs, c'est de voir revenir des entreprises qui avaient tourné le dos à Hanovre, et de constater l'empressement de grands acteurs de l'internet, qui jusqu'ici dédaignaient un peu ce rendez-vous.

Les asiatiques Samsung et Sharp seront par exemple de retour. Le réseau social à visée professionnelle Xing fait une arrivée remarquée. Et Microsoft vient faire la démonstration de son nouveau système d'exploitation Windows 8.

Le géant Google sera en vedette puisque c'est le président de son conseil d'administration Eric Schmidt qui prononcera le discours d'inauguration lundi soir. À ses côtés prendront place la chancelière allemande Angela Merkel et la présidente brésilienne Dilma Rousseff, dont le pays est l'invité d'honneur.

L'occasion pour M. Schmidt de tenter de redonner des couleurs au réseau social maison, Google+.

Ce concurrent de l'illustre Facebook a récemment été moqué comme une «ville fantôme virtuelle» par le Wall Street Journal, qui soulignait qu'un grand nombre des 90 millions d'inscrits n'y avaient que peu ou pas d'activité.

Au nombre des autres attractions annoncées: un logiciel permettant de «voir» en temps réel ce qui agite la Toile, en répercutant sur des écrans les thèmes les plus discutés par 150 millions de sources, dont bien sûr les réseaux sociaux.

Ou encore une gomme virtuelle qui efface les traces parfois embarrassantes laissées par tout un chacun sur internet; un système permettant de protéger les smartphones contre les écoutes; ou une application mobile destinée aux asthmatiques qui évalue la qualité de l'air.

Un autre grand thème du CeBit sera aussi, une fois encore, l'informatique dématérialisée, utilisée par les réseaux sociaux mais aussi par les entreprises. Cette technologie permet de travailler à partir de documents et logiciels sauvegardés sur internet, et non installés sur un seul ordinateur ou serveur.

Allemagne oblige, le salon fera la part belle à une industrie automobile toujours plus technologiques: le constructeur Audi s'offre ainsi son propre stand pour vanter ses voitures connectées à internet.

Le grand slogan du Cebit pour cette année est «Managing Trust - Confiance et sécurité dans le monde numérique», qui concerne aussi bien les particuliers soucieux de protéger leurs vies privées que les professionnels inquiets de voir leurs données perdues ou piratées.

«Nous avons longtemps débattu pour savoir si la sécurité était un thème assez sexy», reconnaît M. Umminger, «et avons conclu que oui, car cela concerne tout le monde».