La première fois que Biz Stone, cofondateur de Twitter, a reçu un message de 140 caractères sur son téléphone intelligent, il était en train d'arracher le tapis dans son nouvel appartement de Berkeley, en Californie, par une chaleur torride. «Sirote un piña colada après un massage dans la vallée de Napa», disait en substance ce tweet, envoyé par son ami et partenaire d'affaires, Evan Williams. «J'ai éclaté de rire, raconte Biz Stone, et j'ai compris à cet instant-là que Twitter pouvait fonctionner parce que c'était un produit qui procurait de la joie.»

De passage à Montréal hier pour parler du rôle des médias sociaux dans nos vies, le jeune entrepreneur de 37 ans a résumé très simplement sa vision des affaires: il faut vouloir changer le monde, bâtir son entreprise et avoir du plaisir. Et il faut absolument les trois pour réussir.

Malgré son immense succès (Twitter vaut 8 milliards US et compte 500 millions d'abonnés), l'entrepreneur a rappelé que l'échec pouvait être un moteur et qu'il ne fallait pas avoir peur de reconnaître qu'«il y a davantage de gens intelligents à l'extérieur qu'à l'intérieur de notre entreprise». Il a également rappelé aux entreprises qu'elles peuvent utiliser Twitter pour dire qu'elles ont commis une erreur et qu'elles sont prêtes à la réparer. «En se montrant vulnérables, elles tissent un lien de confiance avec leurs clients», a affirmé Biz Stone (de son vrai nom Christopher Isaac).

Ceux qui espéraient apprendre quelques secrets sur les dessous de Twitter ou sur son développement ont sûrement été déçus. Biz Stone a très peu parlé de l'entreprise qui l'a fait connaître (il n'y travaille plus au quotidien), sauf pour dire qu'elle avait contribué à changer le visage des affaires et de la démocratie. Il a rappelé que Twitter avait pris son envol en 2007, lors du Festival South by Southwest à Austin, au Texas. «Je faisais partie d'un groupe d'experts et, pendant que je parlais, je voyais des gens se lever et quitter la salle. J'ai compris par la suite que leurs amis leur disaient sur Twitter qu'il y avait une conférence plus intéressante dans la salle d'à côté», raconte le jeune homme, un sourire en coin.

Biz Stone a également rappelé qu'avant le Printemps arabe, il y avait eu la le printemps moldave, une première dans la courte histoire de Twitter alors que les jeunes de la Moldavie utilisaient Twitter pour se mobiliser. «La technologie ne peut pas tout faire mais elle peut aider l'humanité à avancer.» L'empathie est une qualité essentielle au leadership, selon lui, et cette qualité devrait être au coeur des campagnes marketing des entreprises. «Si vous avez un budget de 5 millions, dépensez-en 4 sur une cause et 1 million pour en faire la promotion. Même pas besoin d'être empathique vous-même, c'est juste une bonne décision d'affaires, car les gens sont attirés par des produits qui ont une signification.»