Patron incontesté d'un des plus grands groupes internet du monde alors qu'il n'a même pas 30 ans, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, figure déjà parmi les légendes de la Silicon Valley.

«La fortune sourit aux audacieux», cette maxime de Virgile citée par le jeune Américain sur sa page Facebook, semble convenir à merveille à un homme qui a lancé son entreprise à 19 ans et n'a jamais envisagé d'en lâcher les rênes.

Si à l'issue de l'introduction en Bourse de Facebook, le groupe est valorisé dans le haut de la fourchette attendue de 75 à 100 milliards de dollars, sa fortune pèsera quelque 28 milliards de dollars, lui permettant de figurer parmi les 20 personnes les plus riches du monde.

Paradoxalement pour quelqu'un dont la biographie a déjà fait l'objet d'un film, «The Social Network» de David Fincher, et dont le site permet la mise en scène du quotidien, Mark Zuckerberg mène sa vie plutôt discrètement, donnant peu de détails sur sa page personnelle suivie par plus de 11 millions de personnes.

Né le 14 mai 1984, élevé en banlieue de New York à Dobbs Ferry par un père dentiste et une mère psychiatre, il est initié dès 11 ans à la programmation informatique.

Il est encore au lycée quand Microsoft et AOL proposent de lui acheter une de ses créations, un programme permettant de deviner les souhaits d'écoute musicale, du style du système «Genius» lancé par Apple pour sa boutique en ligne iTunes.

Il refuse et entre à Harvard, l'université la plus prestigieuse des États-Unis, à l'âge de 18 ans. En deuxième année, il lance TheFacebook, à l'époque essentiellement un trombinoscope en ligne pour étudiants.

«Rendre le monde plus connecté», c'est ainsi que M. Zuckerberg définit la vocation du site lorsqu'il est mentionné pour la première fois sur sa page personnelle, à la date du 4 février 2004.

Huit ans plus tard, au moment de déposer le dossier d'introduction en Bourse de Facebook, son message n'a pas changé. «Nous pensons qu'un monde plus ouvert et connecté aide à créer une économie plus forte», dit-il dans une lettre aux investisseurs, espérant aussi «changer les relations des gens avec leur gouvernement et leurs institutions».

La période de la fondation de Facebook a fait l'objet de diverses procédures judiciaires, qui ont conduit M. Zuckerberg à verser 65 millions de dollars à trois anciens camarades d'université, Cameron et Tyler Winklevoss et Divya Narendra, et à reconnaître le rôle de «cofondateur» à son ancien associé Eduardo Saverin.

Les quatre hommes lui ont reproché, pour les trois premiers, de leur avoir volé l'idée du site, pour le dernier de l'avoir évincé injustement - et M. Zuckerberg a admis ces dernières années qu'il avait commis des «erreurs» de jeunesse.

Tenant fermement les rênes de sa jeune entreprise, «il avait des tendances impérialistes», se rappelle Sean Parker, fondateur de Napster et l'un de ses premiers mentors dès 2004, dans le livre «La révolution Facebook» de David Kirkpatrick.

«Sa position à Facebook est semblable à celle de Bill Gates, qui a duré très longtemps» au poste de PDG de Microsoft, fait valoir Josh Bernoff, analyste à Forrester Research. «Il est clair que les décisions (viennent de lui), et le rôle de Sheryl Sandberg (la directrice d'exploitation recrutée chez Google) est de mettre en oeuvre les stratégies qu'il conçoit».

Le jeune homme à la tignasse bouclée tirant sur le roux, longtemps mal à l'aise devant les médias, abonné aux sweat-shirts, a fini par acquérir plus d'aisance.

Il a lui-même interviewé en avril le président Barack Obama, qui l'a taquiné sur son inhabituel port de la cravate lorsqu'il est allé visiter le siège de Facebook.

M. Zuckerberg vit en couple avec Priscilla Chan, étudiante en médecine rencontrée en 2003. Notamment parce qu'il voulait pouvoir converser avec sa belle-famille, il a appris le chinois en 2010.

Connu pour son goût pour l'antiquité gréco-romaine, il n'hésite pas à confier quelques excentricités. L'an dernier, il a décidé de devenir presque végétarien et promis qu'il ne mangerait de la viande que s'il avait lui-même tué l'animal.