Tous les parents s'entendent: l'internet représente une importante source de danger pour les enfants. Paradoxalement, la moitié d'entre eux ne fait pourtant rien pour les protéger.

C'est ce qui ressort du tout premier sondage jamais réalisé au Québec sur la question, rendu public mardi par la fondation Marie-Vincent et cyberaide.ca, en présence du Service de police de la Ville de Montréal, de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale du Canada.

«Les enfants manquent d'accompagnement sur l'internet, c'est clairement ce qui ressort», a souligné René Morin, porte-parole de cyberaide.ca, organisme relevant du Centre canadien de protection de l'enfance, qui reçoit par ailleurs 700 signalements par mois de cas d'exploitation sexuelle d'enfants sur l'internet.

Ainsi, 80% des parents d'enfants de 3 à 12 ans estiment que l'internet peut être une source de danger en matière d'exploitation sexuelle des enfants, révèle le sondage, réalisé l'été dernier (du 22 juin au 10 juillet) par la firme Cefrio. Pire: la moitié des parents sondés estiment aussi que leurs enfants ont déjà eu accès à des images sexuelles ou violentes; et un parent sur cinq pense que son enfant pourrait être la cible d'un cyberprédateur, ou encore victime d'intimidation par ses pairs.

Dès l'âge de 3 ans

Il faut dire que les parents sont bien conscients de la présence de leurs enfants sur l'internet: les trois quarts des enfants (et jusqu'à 90% des 10-12 ans) y sont actifs. Dès 3 ans, les enfants ont à leur disposition une panoplie d'outils technologiques les mettant en contact avec le monde: ordinateurs, consoles, iPod, webcam, cellulaires. Et ils ne tardent pas à se mettre en mode «interaction», que ce soit par l'entremise de jeux en ligne ou de réseaux sociaux (40% des enfants de 10-12 ans ont une page personnelle sur un site de type Facebook, révèle le sondage).

Et que font les parents pour les protéger? Pas grand-chose: 50% des parents avouent ne pas discuter des dangers associés à l'internet avec leurs enfants, et les trois quarts affirment ne pas utiliser davantage de logiciels de contrôle parental. «Oui, c'est paradoxal, dénonce René Morin. Pourquoi ce manque d'accompagnement? Peut-être par méconnaissance. Les parents ont tendance à oublier que l'internet, c'est un lieu public. Au même titre qu'un centre commercial.»

D'où l'importance de la sensibilisation des enfants aux risques, bien réels, et surtout aux moyens de s'en protéger, dit-il. Entre autres, l'organisme rappelle aux parents qu'il est important d'être présents quand leurs enfants se créent un profil, nécessaire d'activer les outils de contrôle parental, important de sensibiliser les enfants au caractère public d'un texto ou d'une image captée par webcam. «Parce que la porno juvénile, le leurre d'enfants, la prostitution, tout ça, ce sont des risques réels auxquels nos enfants sont exposés», précise le porte-parole de cyberaide.ca, qui a reçu, depuis sa création en 2002, 60 000 signalements du genre, dont 10% provenaient du Québec.

Surtout, conclut l'expert, il faut être présents quand l'enfant navigue sur l'internet («le pire endroit pour l'ordinateur, c'est le sous-sol») et toujours lui rappeler de suivre son instinct. «Si une requête te met mal à l'aise, il faut aviser un adulte...»