Le secteur privé est le «protecteur de la liberté sur internet», a affirmé jeudi à La Haye la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en appelant les grandes sociétés du secteur à ne pas traiter avec les régimes totalitaires.

«Le premier défi pour le secteur privé est d'embrasser son rôle en tant que protecteur de la liberté sur internet», a déclaré Mme Clinton à l'ouverture d'une conférence sur la liberté d'expression sur internet, à laquelle participent des représentants d'une vingtaine de pays, de nombreuses ONG ainsi que des cyber-activistes.

«Des produits et services de sociétés ont été utilisés comme outils d'oppression», a déploré la chef de la diplomatie américaine.

De nombreux activistes en Syrie, Libye et Iran utilisent les réseaux sociaux sur internet pour organiser les protestations contre les régimes de leurs pays. Mais des entreprises auraient remis des informations sensibles sur des dissidents à des gouvernements ou auraient fermé des comptes de réseaux sociaux de militants impliqués dans le débat politique, a-t-elle indiqué.

«Quand des sociétés vendent des équipements de surveillance aux services de sécurité en Syrie, ou en Iran, ou dans le passé à Kadhafi, il n'y a aucun doute que ceux-ci seront utilisés pour violer des droits», a-t-elle assuré.

Les «sociétés intelligentes» devraient décider de ne pas traiter avec de tels régimes avant même que cela ne leur soit demandé par leurs gouvernements, a estimé Mme Clinton.

«Je pense que c'est très important que quelqu'un comme Hillary Clinton prenne la parole au sujet de la liberté de l'internet», a dit à l'AFP la cyberdissidente thaïlandaise Chiranuch Premchaiporn : «mais il est plus important d'agir que d'en parler».

La secrétaire d'État a également mis en garde jeudi contre d'éventuelles barrières nationales pour l'internet, que tentent d'imposer certains régimes.

«Plus de contrôle de la part des gouvernements va réduire encore plus ce que les gens peuvent faire en ligne dans des environnements répressifs», a-t-elle mis en garde.

«Ce serait également désastreux pour l'internet dans son ensemble car cela réduirait le dynamisme de l'internet pour tout le monde», a ajouté la secrétaire d'État.

La Chine contrôle un système de censure de l'internet très perfectionné, surnommé le «Great Firewall», jeu de mot en anglais qui mélange les termes «Grande Muraille» («Great Wall») et pare-feu («firewall»).

La Toile est expurgée de sites politiquement sensibles et Pékin contrôle étroitement la communauté des plus de 500 millions d'internautes chinois pour éviter toute critique du gouvernement, mention de la question des droits de l'Homme ou organisation de la dissidence.

Le contrôle d'internet par le gouvernement chinois est un point de tension dans les relations entre Pékin et Washington.