Les grands noms de l'internet ainsi que les représentants de quelque 60 pays se retrouvent mardi à Londres pour réflechir ensemble aux immenses défis posés par la Toile, qu'il s'agisse d'avancées économiques et démocratiques ou de cyberterrorisme.

La secrétaire d'État des États-Unis Hillary Clinton, le cofondateur de Wikipedia Jimmy Wales ou encore le vice-président de la société de télécommunications chinoise Huawei sont parmi les quelque 900 délégués de la Russie à la Corée, attendus pendant 48 heures à cette grand'messe du web.

Les principaux acteurs de l'internet - Google, Facebook, Microsoft, le site chinois de partage de vidéos Tudou.com ainsi que les agences contre la cybercriminalité et les entreprises spécialisées dans la sécurité sur la Toile - seront là aussi.

L'idée «était de réunir tous les acteurs majeurs de l'internet et de lancer un vaste dialogue pour savoir comment nous pouvons collectivement répondre aux opportunités et aux difficultés suscitées par son développement», a souligné le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, hôte de cette rencontre.

L'ordre du jour est très large: de l'impact économique de l'internet à ses conséquences sociales, notamment son rôle dans les mouvements en faveur de la démocratie comme le printemps arabe, en passant par la sécurité et la lutte contre la cybercriminalité.

Certains commentateurs sont sceptiques sur les chances de réussite de cette conférence tant les intérêts de l'Europe et des États-Unis ou de la Russie et de la Chine par exemple sont opposés, notamment en matière de liberté d'expression en ligne.

La Chine a également souvent été montrée du doigt comme la source de nombreuses attaques informatiques, préoccupations croissantes des grandes puissances.

«Cet exercice diplomatique entre États et dirigeants d'entreprises est important et permettra d'accorder l'attention qu'elle mérite à ces sujets», ont souligné Adam Segal et Matthew Waxman, du club de réflexion américain «Council on Foreign Relations» dans un récent article.

«Mais cette conférence risque aussi de mettre en lumière (...) des failles majeures sur les questions les plus importantes et les plus difficiles».

Ainsi, en matière de sécurité, la priorité des États occidentaux est de protéger leurs réseaux des attaques, tandis que la Chine et la Russie veulent pouvoir contrôler les contenus et les réseaux sociaux, pour prévenir toute sédition, notent-ils.

Le Royaume-Uni insiste sur le fait qu'il n'a pas pour ambition de parvenir à un traité ou à une nouvelle législation, en particulier en matière de sécurité internationale, un sujet qui sera abordé à huis clos mardi après-midi.

Londres fait valoir que cette réunion vise seulement à initier un «débat» et relève que plusieurs pays ont déjà accepté d'accueillir une conférence de suivi d'ici 12 à 18 mois.

M. Hague espère «parvenir à une plate-forme commune sur ce qu'on peut considérer comme un comportement acceptable dans le cyberespace».

La question de la «cybersécurité» a déjà été abordée cette année à deux reprises sous l'égide des Nations unies et de l'OTAN. Les États-Unis et l'Australie ont aussi convenu en septembre d'une réponse conjointe en cas de cyberattaque contre eux.

Mais les organisateurs soulignent que c'est la première fois que toutes les questions relatives à l'internet seront abordées à la fois par un si grand nombre d'acteurs, dont 25 jeunes qui viendront expliquer ce que le web signifie pour eux.

L'Iran n'est pas invité, bien qu'il ait été la cible du ver informatique Stuxnet qui a infecté les ordinateurs de son programme nucléaire, une attaque derrière laquelle Téhéran a vu la main des États-Unis et d'Israël.