Dans le cadre d'une lutte contre le téléchargement par BitTorrent du film The Hurt Locker, un producteur américain aurait obtenu les adresses internet à partir desquelles le film aurait été illégalement téléchargé. Certaines d'entre elles appartiennent au Centre Bell et à son principal locataire, le Canadien de Montréal. À sa grande surprise, le club de hockey montréalais pourrait donc être poursuivi pour tentative de téléchargement illégal de contenu protégé.

La société du président Geoff Molson devra-t-elle payer une amende de 20 000$ à la société américaine Voltage Pictures, en guise de dédommagement? «Dur à dire, mais [le producteur] a clairement manifesté son intention de poursuivre», indique Michael Geist, directeur de la Chaire de recherche du Canada en droit d'Internet et du commerce électronique, un analyste reconnu dans le domaine.

À la fin août, Voltage Pictures a obtenu le droit de la Cour fédérale du Canada d'exiger le nom des propriétaires d'adresses internet auprès de trois fournisseurs de services internet canadiens: Bell Internet, Cogeco et Vidéotron. Le producteur espère ainsi retrouver des internautes qu'il estime coupables de violation des droits d'auteur relativement au film The Hurt Locker, en vue d'éventuelles poursuites.

Or, parmi les adresses internet données par Bell se trouvent une série d'adresses dont la propriété est attribuée, depuis 2003, à L'Aréna des Canadiens inc., une société dont l'adresse civique correspond aux bureaux administratifs du vénérable club de hockey, au septième étage du Centre Bell, rue Saint-Antoine, à Montréal.

Autrement dit, selon Voltage, quelqu'un aurait téléchargé The Hurt Locker à partir du Centre Bell, une accusation que l'administration de l'édifice, surprise, balaie d'un revers de main. «C'est impossible qu'un de nos employés ait téléchargé quoi que ce soit de ce genre», assure Donald Beauchamp, porte-parole de l'entreprise. M. Beauchamp assure que son réseau informatique est muni d'un dispositif pare-feu bloquant l'accès à des protocoles comme BitTorrent.

Selon Michael Geist, cette réponse devrait suffire à invalider toute poursuite, car comme il a déjà été démontré devant une cour américaine, «une adresse IP ne suffit pas à identifier précisément une seule personne fautive. Pourtant, c'est la méthode utilisée dans ce cas-ci. En fait, ce cas illustre à quel point l'ensemble de la stratégie du producteur est fragile».

Si le dossier se rend devant la cour, les chances de bien sortir de cette affaire sont bonnes pour le club de hockey, conclut le professeur universitaire. En revanche, il estime que le Canadien pourrait vouloir régler l'affaire à l'amiable, puisque même une pénalité de 20 000$ coûterait moins cher que les frais d'avocats nécessaires pour débattre de la cause devant un juge.