Les usagers d'internet en Birmanie ont pu vendredi consulter des sites de grands médias étrangers jusqu'à présents bloqués, sans pour autant savoir si cette liberté nouvelle allait perdurer.

Le site en birman de la télévision britannique BBC, que le régime accusait jusqu'à récemment dans la presse d'État de diffuser des «émissions meurtrières» et de «semer la haine», était ainsi accessible.

L'AFP a pu vérifier que des publications régionales comme le Bangkok Post ou le Straits Times de Singapour étaient aussi consultables. Tout comme les sites de médias en exil Irrawaddy et la Democratic Voice of Burma (DVB), dont des journalistes sont emprisonnnés, certains pour des peines à deux chiffres.

«Beaucoup de fonctionnaires regardent ses sites interdits au bureau», a confirmé à l'AFP un responsable sous couvert de l'anonymat.

«Nous devons faire attention au début car nous ne connaissons pas les intentions» du pouvoir", a-t-il ajouté. «Je ne peux pas dire s'ils vont permettre aux gens de regarder ces sites en permanence».

La législation sur internet est considérée par Reporters sans frontières (RSF) comme l'une des plus répressives du monde. Mais les amateurs ont depuis longtemps réussi à contourner la censure, pour consulter ou informer.

Pendant la «révolte safran» initiée par les moines bouddhistes en 2007, les opposants avaient diffusé des images de la répression, provoquant un blocage de la toile par la junte dans tout le pays pendant quelques jours.

«Il faut attendre et voir ce qui se passe», a estimé Zeyya Thaw, chanteur et activiste emprisonné par le passé, estimant qu'il «ne devrait plus y avoir de restrictions».

En mai, RSF avait révélé que les cafés internet du pays devaient désormais recueillir les données personnelles de leurs clients et la liste des sites consultés. L'usage du téléphone en ligne, ainsi que des clés USB et autres drivers externes, avait été interdit.

Le pays n'est guère équipé en dehors des grandes villes. Seul un habitant sur 455 utilisait le net en 2009, selon l'Union internationale des télécommunications, une agence de l'ONU.