Le différend opposant l'américain Yahoo! et le japonais Softbank à leurs partenaires chinois a trouvé une solution vendredi, avec un accord de partage des retombées financières de la prometteuse société chinoise de paiements en ligne Alipay.

«Yahoo! s'est débrouillé pour sauver la face», commentait l'analyste Jon Ogg sur le site 247WallSt.com.

Le différend remontait au mois de mai, quand Yahoo! avait annoncé que la propriété d'Alipay, filiale du portail internet chinois Alibaba Group, avait été transférée à son insu à une société contrôlée par le patron d'Alibaba Group, Jack Ma.

Cette affaire a contribué à la perte de valeur de Yahoo!, qui possède environ 40% d'Alibaba, une participation considérée extrêmement précieuse par les investisseurs vu le développement de l'économie internet en Chine. Softbank est l'autre actionnaire de référence d'Alibaba, avec M. Ma et un autre cadre dirigeant, Joseph Tsai.

M. Ma s'était vigoureusement défendu d'avoir agi à l'insu des actionnaires étrangers d'Alibaba, expliquant qu'ils savaient bien qu'il était indispensable qu'Alipay passe sous capitaux chinois pour obtenir une licence d'exploitation des autorités chinoises. «Le plus important, c'est qu'Alipay a été en mesure d'obtenir la licence qu'il lui fallait», a encore souligné M. Ma dans le communiqué de vendredi.

L'accord annoncé vendredi, fruit de négociations dont les parties avaient plusieurs fois souligné la complexité, permet qu'Alibaba Group «soit correctement rémunéré pour la valeur d'Alipay». Il doit être finalisé avant la fin de l'année.

«Alibaba Group, Yahoo! et Softbank ont annoncé aujourd'hui qu'ils étaient parvenus à un accord aux termes duquel Alibaba Group va garder une participation dans les performances financières futures d'Alipay, y compris une future entrée en Bourse ou autre événement financier», ont annoncé les sociétés dans un communiqué commun.

Ainsi, Alibaba Group percevra «pas moins de 2 milliards de dollars et pas plus de 6 milliards de dollars» en cas d'entrée en Bourse ou d'une vente. Le montant sera calculé à raison de 37,5% de la valeur totale d'Alipay.

L'accord prévoit également qu'Alipay «continuera à fournir des services de paiement à Alibaba Group et à ses filiales, y compris (sa plate-forme de commerce en ligne) Taobao à des conditions préférentielles».

Enfin, Alipay reversera à Alibaba 49,9% de son bénéfice avant impôt, en guise de droit d'exploitation de ses technologie.

Lors d'une téléconférence, M. Tsai a expliqué qu'Alipay n'était que «marginalement bénéficiaire» pour le moment.

«C'est un bon résultat pour Yahoo! et nos actionnaires, ainsi que les parties prenantes à cet accord», a commenté la directrice générale de Yahoo! Carol Bartz, cité dans un communiqué.

Lors d'une téléconférence, le directeur financier de Yahoo! Tim Morse a expliqué que l'accord n'impliquait pas directement Yahoo! ni Softbank, qui ne recevront pas d'«impact financier direct».

Il s'agit exclusivement d'un accord entre Alipay et Alibaba Group, qui permet «la maximisation et la préservation de la valeur d'Alibaba Group», a-t-il ajouté.

Le marché a dans un premier temps salué l'accord avec une petite hausse de l'action Yahoo!, mais l'enthousiasme est vite retombé: l'action perdait 1,93% à 13,24 dollars vers 10h15.

«Le fait qu'il y ait un accord est positif pour Yahoo! dans la mesure où il retire une incertitude de la valeur de l'une de ses participations les plus importantes», estimait Mark Mahaney, analyste chez Citigroup.

«Toutefois le plafond de 6 milliards de dollars» que Yahoo! pourra retirer d'une éventuelle cession d'Alipay est «plutôt négatif», a-t-il ajouté. «Nous gardons l'impression que Yahoo! a été obligé de vendre l'un de ses actifs asiatiques essentiels», concluait-il.