Pour des raisons de sécurité, de confidentialité et autres, les entreprises sont généralement mi-figue, mi-raisin à l'égard de l'utilisation de réseaux sociaux comme Facebook sur les lieux de travail. Si Google y intègre efficacement ses nombreux outils collaboratifs, Google+ pourrait toutefois changer la donne, notent les experts.

Lancé en grande pompe il y a une dizaine de jours, Google+ s'ajoute à la palette déjà bien garnie de services web offerts par le géant de Mountain View. C'est peut-être son atout principal pour se tailler une place de choix au bureau et au sein des entreprises de toutes tailles, note Benoît Descary, de DCE Solutions, à Montréal.

Si Google parvient à combiner habilement Google+ à ses autres applications de bureautique en ligne, cela pourrait aussi faire oublier ses échecs passés dans ce créneau, estime ce consultant en intégration de nouvelles technologies. «Une fois que Google aura intégré le partage de fonctions et de documents de ses applications Google Documents et Google Apps à Google+, son réseau social deviendra extrêmement utile en entreprise. Plus convivial que Wave et plus utile que Buzz», note-t-il.

Les applications Google ne sont pas les seuls services qui pourraient attirer les entreprises à la recherche d'outils de communication peu coûteux. Hangouts, Huddle et Sparks sont trois autres applications de Google+ qui peuvent s'avérer fort utiles: le premier est une solution de vidéoconférence en groupe, le second permet le clavardage d'équipe et le troisième, s'il est bien réglé, pourrait servir pour faire de la veille stratégique sur la Toile.

De Facebook à Google+ à Status.net

Sur Facebook, ce qu'un utilisateur fait est su de tous ses contacts. Sur Google+, on peut en limiter l'étendue à des cercles de contacts qu'on définit soi-même. On pourrait ainsi définir des cercles d'amis, des cercles de collègues de bureau, voire des cercles de clients, de fournisseurs ou autres.

Au premier coup d'oeil, cet élément risque de plaire à certains gestionnaires TI. Pour rivaliser avec Facebook, Google+ se positionne comme la solution de rechange pour ceux qui recherchent un endroit où partager photos, messages et autres documents de façon un peu plus confidentielle et sûre.

Sauf que ce n'est peut-être pas suffisant pour les entreprises les plus frileuses, constate Sébastien Provencher, observateur des médias sociaux et cofondateur de Needium, spécialisée dans ce créneau.

Selon lui, même si Google+ est mieux structuré que Facebook, il demeure encore un peu trop public pour les besoins de plusieurs entreprises. Surtout qu'il existe sur l'internet plusieurs solutions de rechange pour chacune de ses fonctions qui sont soit plus sûres, soit mieux adaptées à leurs besoins.

«De la façon dont Google+ est conçu, il demeure encore trop ouvert et trop peu gérable pour les entreprises. Comme Facebook. Ce qui serait préférable pour ce genre d'utilisation, c'est une solution privée de partage et de collaboration à l'interne, comme le service Status.net, dont le modèle d'utilisation ressemble néanmoins à Facebook ou à Twitter», dit-il.

Status.net est un réseau social créé à Montréal, qu'on peut installer sur ses propres serveurs et gérer à sa guise. À l'heure de l'informatique en nuage, l'utilisation d'une version privée d'un service web est une approche prudente que privilégient plusieurs gestionnaires.

Si Google+ ne perce pas plus le secteur des entreprises que Facebook, ses nombreux outils de collaboration et de communication pourraient faire réaliser à certaines sociétés la valeur des réseaux sociaux comme outil de travail efficace.