Créé à la fin de 2008 par les deux fondateurs de Skype, le service web de musique sur demande Rdio est un des rares en son genre à être actif tant au Canada qu'aux États-Unis. Avec un peu de chance, ce sera aussi un des rares fournisseurs indépendants de contenu multimédia à prospérer à l'ombre de géants comme Amazon, Apple et Google.

Le principal autre exemple qui vient à l'esprit est Netflix. Le populaire service de vidéo à volonté a réussi à s'imposer comme un poids lourd du divertissement numérique «nouveau genre», défiant non seulement les clubs vidéo et les télédistributeurs nord-américains, mais forçant également le respect de ces trois incontournables de l'internet.

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D'Apple à Sony, personne ne semble capable de freiner Netflix, au point de devoir l'offrir sur leurs propres appareils, aux côtés de leur boutique de films et de séries télé respective. Drew Larner, président-directeur général de Rdio, voit là une source d'inspiration pour sa jeune entreprise, qui propose sensiblement la même formule, appliquée au secteur musical.

«La musique par abonnement existe depuis une dizaine d'années, mais on cherche encore la bonne façon de faire. Les services de casiers numériques qu'offrent Amazon et Google sont des technologies intermédiaires. Rdio, de son côté, est un peu comme un Netflix musical», a-t-il dit en entrevue à La Presse Affaires.

M. Larner reste toutefois terre à terre: les chances qu'Apple installe l'application Rdio sur ses nouveaux produits à côté de sa boutique iTunes sont plutôt minces. Surtout que le géant de Cupertino jongle, selon toute vraisemblance, avec la possibilité de lancer très prochainement son propre service musical par abonnement, avec la bénédiction des principaux acteurs nord-américains de l'industrie.

Qualité et offre locale

Venant d'un acteur comme Apple, qui domine outrageusement le marché de la musique numérique, ce geste risque fort d'ébranler le marché tout naissant de la musique hébergée sur l'internet.

Outre Rdio et les géants américains du web, il existe quatre ou cinq autres services similaires qui pourraient ne pas survivre à une telle nouveauté. Daren Tsui, PDG de mSpot, service web rival de Rdio, estime qu'Apple «obtiendrait ainsi encore plus de pouvoir pour dicter aux consommateurs comment écouter leur musique».

Cela ne fait pas peur à M. Larner, qui pense au contraire que cela pourrait aider sa société à relever son principal défi: convaincre les consommateurs que la musique sous forme de fichier MP3 est tout simplement dépassée. «L'adoption du modèle par les consommateurs est la clé. Les gens comprennent comment fonctionne le nuage, ils vont voir comment un service de qualité peut remplacer le téléchargement sur différents appareils des mêmes fichiers informatiques.»

Comme le dira tout bon PDG, c'est la qualité du produit qui fera la différence. Rdio pense offrir un service de meilleure qualité. Outre la musique, une façon de permettre aux internautes de découvrir efficacement de nouveaux artistes est un atout. De même que la diversité: la discothèque de Rdio compte huit millions de pistes, mais très peu de contenu canadien, et rien de québécois.

C'est quelque chose que M. Larner et son équipe de 40 personnes comptent corriger rapidement. «Nous devons ajouter du contenu provenant de partout dans le monde, nous le savons. C'est d'ailleurs une de nos priorités à court terme, mais nos ressources sont limitées.»

Ça, c'est le défi de toute petite entreprise, un défi de taille quand les concurrents, eux, sont des sociétés plusieurs fois milliardaires...

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