La révolution numérique a tout changé, sauf l'éducation, demeurée inchangée depuis «l'époque victorienne», a déploré le magnat des médias australo-américain Rupert Murdoch, invité à s'exprimer sur le thème de l'éducation mardi à la tribune de l'e-G8 à Paris.

«Quelqu'un qui aurait fait une sieste pendant 50 ans ne reconnaîtrait rien aujourd'hui. Les médecins sont passés de moyens artisanaux aux IRM, les éditeurs de quotidiens délivrent des informations 24 heures sur 24. Tout a changé, mais pas l'éducation», a assuré Rupert Murdoch.

«Les classes aujourd'hui sont presque les mêmes que celles qui existaient à l'époque victorienne: un instituteur avec un tableau et une craie devant les élèves. C'est une abdication, un frein à notre avenir», a-t-il souligné.

«Dans mon pays (les États-Unis, ndlr), a-t-il insisté, on a doublé les dépenses, mais nos résultats restent inchangés. La raison, c'est que ces fonds supplémentaires concernent un système qui ne marche pas. Certains diront que c'est parce que les enseignants sont trop pauvres ou viennent de famille d'immigrés: ce sont des foutaises! En Chine ou en Inde, je suis stupéfait des résultats accomplis avec bien moins de ressources».

Pour le propriétaire, notamment, du tabloïd The Sun en Angleterre, ainsi que du New York Post et de la chaîne de télévision Fox News aux États-Unis, «on ne met pas en valeur le potentiel de millions d'enfants».

Concrètement, Rupert Murdoch suggère notamment de «stimuler l'imagination» des élèves et, plus encore,d'«individualiser l'enseignement».

«Dans les médias, les technologies nous ont appris à cibler des publics. Il faut apporter ce savoir-faire à l'éducation, a-t-il expliqué. Les cours proposent des formats uniques, et la plupart des élèves sont frustrés car ils doivent tous avancer à la même vitesse».

Enfin, a-t-il assuré, «le numérique permet à toutes les salles de classe du monde d'avoir accès aux plus grands penseurs, et à un faible coût. Il n'y aucune raison qu'un étudiant n'importe où dans le monde n'ait pas accès au (physicien) Stephen Hawking ou à d'autres grands scientifiques, projetés dans la salle de classe».

Ces pistes technologiques, a conclu le magnat, «ne remplaceront jamais» les enseignants, mais elles peuvent leur permettre de «passer plus de temps sur ce qui est important».