L'animateur de télévision Guy A. Lepage s'est dit «surpris» d'apprendre la libération conditionnelle, hier, de l'internaute de 21 ans accusé d'avoir harcelé et menacé de mort plusieurs personnalités québécoises sur Twitter.

«Nous avons porté plainte contre lui en groupe parce qu'on était extrêmement inquiets des menaces violentes qu'il nous a faites. Les policiers de Montréal nous ont pris au sérieux. Ils ont vu un réel potentiel de danger chez cet homme et ils ont agi très rapidement pour l'arrêter, a dit M. Lepage à La Presse. J'espère seulement que ceux qui l'ont libéré aujourd'hui (hier) ont pris cela tout aussi au sérieux.»

Hier matin, au palais de justice de Montréal, la juge Céline Lamontagne a libéré Jean-François Champagne, connu sous le pseudonyme de Jeffsabres, moyennant plusieurs conditions. Il lui est notamment interdit de se servir d'un ordinateur et d'accéder à l'internet. La poursuite, qui s'était d'abord opposée à sa libération, a été rassurée, hier, par les résultats de son évaluation psychologique.

Sans blâmer la poursuite ni la juge, l'animateur de Tout le monde en parle aurait tout de même préféré que l'accusé reste détenu jusqu'à son procès. «Ça dépassait de loin la simple critique de mon travail. On parle ici de menaces de mort et de menaces de viol. Il a visé des membres de mon entourage. Il s'est attaqué à ma vie privée, a dit Guy A. Lepage. Je lui recommande de rester loin de moi.»

Pas un danger

Selon le criminologue qui a évalué l'accusé au lendemain de son arrestation, il ne représente pas un danger pour ses victimes ni pour la société en général. «Rien ne nous indique pour l'instant que cette personne ne comprenait pas ce qu'elle faisait ni qu'elle a un problème de santé mentale», a dit aux médias la procureure de la Couronne, Audrey Simard.

Le jeune homme ira vivre chez une tante qui ne possède pas d'ordinateur. Il lui sera également interdit de posséder des armes à feu. Il n'aura pas le droit d'entrer en contact avec Guy A. Lepage, Michelle Blanc, Véronique Cloutier, Charles Lafortune, André Ducharme, Alex Perron, Sébastien Trudel et Marc-Antoine Audette.

Pour sa part, la spécialiste des médias sociaux Michelle Blanc s'est dite à la fois «triste» et «angoissée» par la nouvelle de la libération de Champagne. «Il y a 10 jours, il s'est mis sur mon cas. Dès que je bloquais son compte Twitter, il s'en créait un autre. Il m'a tellement harcelée, tellement envoyé de choses scabreuses que j'avais du mal à travailler.»

Accusé sous six chefs de harcèlement criminel et de menaces de mort, Champagne n'a pas d'antécédents judiciaires. Debout dans le box, il n'avait plus l'air désorienté comme la veille. Vêtu d'un t-shirt blanc et de chaussures de sport dont on avait retiré les lacets, il a souri légèrement lorsque la poursuite a nommé les personnes qu'il n'a plus le droit de joindre. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre le 27 février et le 29 mars 2011. Arrêté chez lui, mardi, à la suite d'une enquête du Service de police de la Ville de Montréal, Jean-François Champagne doit comparaître de nouveau le 13 mai.