Mus par le désir d'aider les victimes du tremblement de terre meurtrier au Japon, un groupe de blogueurs et d'écrivains se sont réunis via l'internet pour créer un livre d'histoires sur la catastrophe.

Le résultat, «Quakebook», est une émouvante collection de photos, souvenirs et réflexions sur le terrible tremblement de terre et le tsunami du 11, oeuvre collective qui démontre la puissance du Web pour unir les gens autour du monde.

Le projet est le fruit d'un Britannique vivant au Japon qui blogue sous le nom de «Our Man in Abiko» sur des sites comme Twitter.

Le 18 mars, une semaine après le tsunami qui a dévasté la côte nord-est du Japon, il a posté un appel collectif sous la forme d'un gazouillis disant:. «Je veux écrire un livre d'expériences vécues sur le séisme, le publier et verser tous les bénéfices à la Croix-Rouge. Nous avons la technologie.»

«Si tout le monde écrit 250 mots - une page - ou présente ses gazouillis favoris, photos ou illustrations, je peux publier en quelques jours», a ajouté ce résident de Chiba (est de la préfecture de Tokyo), qui préfère garder son identité secrète afin de préserver l'esprit communautaire du projet.

«Ici nous sommes relativement épargnés, nous ne faisons rien et c'est enrageant», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Il y a une énorme crise à ma porte et je m'en voudrais si je ne faisais rien pour aider.»

Moins de 45 minutes après son premier gazouillis, il reçut la première contribution.

«Cela m'a donné une idée, j'ai pensé:.. Je suis sur quelque chose ici, j'ai touché un nerf sensible», dit-il.

Plus de 200 personnes ont été impliquées dans le projet, y compris des éditeurs et traducteurs volontaires des États-Unis ou d'Irlande.

«Cela fonctionne parce que nous voulons tous faire quelque chose. Raconter son histoire est une forme de thérapie. Vous réalisez que vous n'êtes pas seul. Et c'est peut-être le plus précieux.»

«Je pense que les gens réagissent parce que nous sommes des amateurs. Nous l'avons terminé en une semaine, car tant de souvenirs sont frais et les émotions encore vives.»

Certains des contributeurs Quakebook, comme Yuki Watanabe, originaire de Fukushima qui vit maintenant à Tokyo, ont de la famille dans la zone touchée.

«La maison de mes parents est à 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima. On leur a dit qu'ils doivent rester à l'intérieur», écrit-elle.

«Qu'avons-nous fait pour mériter cela? Nous souffrons comme les autres dans les régions sinistrées. La différence est que nous affrontons un danger contre nature et invisible. S'il vous plaît, n'abandonnez pas Fukushima», a-t-elle imploré.

Le projet a également reçu des dizaines de contributions de Japonais et d'étrangers.

«Je navigue aux environs de Tokyo depuis 15 ans et je sens que j'ai plus que jamais besoin d'être ici. La décision de rester fut la plus complexe que j'aie jamais eue à prendre dans ma vie», écrit Dan Castellano, un résident de la capitale.

«Le Japon est ma patrie d'adoption», lit-on aussi dans des extraits du projet sur https://quakebook.blogspot.com.

«C'est une réalisation qui n'aurait pas été possible en si peu de temps avant l'émergence des sites de réseaux sociaux comme Twitter», assure l'initiateur de Quakebook.

Le tremblement de terre de magnitude 9,0 du 11 mars à 14H46 et le tsunami qui l'a suivi ont ravagé la côte nord-est du Japon et fait quelque 28 000 morts et disparus. Ils ont en outre entraîné un accident nucléaire à la centrale de Fukushima.

«Quakebook (2:46: Répliques: Histoires du tremblement de terre au Japon)» sera bientôt disponible en ligne à télécharger via le site du blog et plus tard dans une édition imprimée dont les profits iront à la Croix-Rouge.