Le téléchargement poste à poste (P2P), que l'industrie nord-américaine du disque associe depuis des années au piratage illégal de ses produits de divertissement, est en chute libre.

Selon les plus récentes constatations à cet effet, ce protocole de téléchargement ne représenterait plus qu'une mince fraction de l'ensemble du trafic sur internet et ne serait plus une menace pour cette industrie.

L'an dernier, seulement 9% de tout ce qui circule sur la portion nord-américaine du grand réseau informatique passait par ce protocole décentralisé d'échange de fichiers, popularisé par les logiciels Bittorrent et LimeWire. C'est sensiblement moins que trois ans plus tôt, où l'échange P2P représentait 16% de l'ensemble du trafic sur internet.

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Dans la même foulée, les internautes utilisant un logiciel P2P ont téléchargé moitié moins de contenu en 2010 qu'en 2007, la moyenne par internaute passant de 35 fichiers téléchargés au premier trimestre de 2007, à 18 fichiers au dernier trimestre de 2010.

L'étude a été réalisée par le NPD Group, firme d'analyse américaine qui suit le marché de la consommation de la musique et qui vient de publier ces statistiques. Elle se concentre sur l'impact du téléchargement poste-à-poste, ne tenant pas compte d'autres technologies connexes d'échange de fichiers, comme le réseau Usenet ou les sites de téléchargement direct.

Elle ne dit pas non plus quel est l'effet des différentes mesures prises par les fournisseurs d'accès internet ces dernières années pour isoler et réduire l'impact de ce protocole sur leur bande passante. Au Canada, Bell, Rogers, Shaw et Telus, entre autres, ont avoué avoir mis en place des mécanismes permettant de ralentir le débit du P2P sur leurs réseaux. En revanche, le NPD Group constate que le retrait forcé du logiciel LimeWire n'a eu qu'un impact marginal sur les habitudes des internautes, qui ont adopté d'autres logiciels similaires.

La conclusion à laquelle arrive le NPD Group, c'est que le fameux piratage de fichiers musicaux n'est pas si menaçant que le laisse entendre l'industrie américaine du disque. Surtout que les utilisateurs du protocole P2P ne sont pas tous des adeptes du téléchargement illicite de fichiers musicaux ou vidéo.

À travers cette étude, la firme d'étude ajoute par ailleurs sa voix à celles jugeant superflues les révisions à la protection du droit d'auteur que l'industrie du divertissement aimerait faire adopter par les gouvernements américain et canadien. En fait, le NPD Group estime que le problème est bien plus important dans les économies émergentes, où il constate un taux de piratage des logiciels et des autres types de fichiers informatiques bien plus élevé, avoisinant les 90%.