L'organisme chargé de réglementer les noms de domaine de l'internet, l'Icann, a annoncé vendredi la création d'adresses avec le suffixe .xxx, pour les sites à contenu pornographique, sans toutefois annoncer de politique nouvelle facilitant la multiplication des suffixes.

Lors d'une réunion publique annuelle de son conseil d'administration à San Francisco (ouest des États-Unis), l'Icann a approuvé une pétition en faveur du nom de domaine en .xxx, qui avait été rejetée il y a cinq ans, mais faisait depuis lors l'objet d'une procédure d'appel.

Mais le conseil a remis à une réunion prévue le 20 juin à Singapour toute décision sur une nouvelle politique générale visant à la création de noms de domaine avec toute une variété de suffixes.

«Nous pensons être assez proches d'une politique qui fonctionne», a déclaré à l'AFP le président du conseil d'administration de l'Icann, Peter Dengate Thrush. «Cela s'inscrit dans une mission pour apporter de la concurrence, de la diversité et du choix».

Signe de son optimisme, l'Icann a prévu une fête deux jours après le jour retenu pour le vote.

«Nous avons trouvé un programme pour terminer le processus», a assuré M. Thrush à l'AFP. «Les grands points qui restent ne sont pas des questions de principe majeures, comme le serait la question d'un droit de veto».

Cela fait des années que l'Icann travaille à un processus d'autorisation des noms de domaines, qui pour le moment fonctionne sur la base de pétitions spécifiques pour chaque nom de domaine.

Des divergences entre États ont jusqu'à présent freiné cette réforme.

Les États-Unis avaient par exemple suggéré que certains États puissent avoir un droit de veto, mais la crainte que des noms de domaine puissent être interdits dans un pays, mais pas un autre, ont fait échouer cette proposition.

D'après M. Thrush, elle n'est même jamais parvenue au niveau du conseil d'administration de l'Icann; «cela n'a jamais été qu'un bruit de couloir», a-t-il dit à l'AFP.

Pour ce qui est du nom de domaine .xxx, qui concurrencera le plus classique .com qu'utilisent la plupart des sites à but lucratif, il est loin de faire l'unanimité dans le secteur du l'érotisme et de la pornographie.

Une association du secteur, la Free Speech Coalition (FSC, coalition pour la liberté d'expression) avait organisé une manifestation pour protester contre cette innovation: certains studios craignent d'être forcés d'acheter des noms de domaine avec le suffixe .xxx, qui seront gérés par une société privée, ICM Registry.

Une autre crainte est que des gouvernements puissent forcer tous les sites à contenus érotiques ou pornographiques à adopter une adresse en .xxx, pour mieux les surveiller voire les bloquer.

«Nous sommes déçus, mais pas surpris par la décision du conseil d'administration de l'Icann», a commenté la directrice exécutive de la FSC, Diane Duke, indiquant qu'elle entendait encore se battre contre cette initiative, et dissuader les studios d'acquérir des adresses en .xxx.