Dans l'univers techno, le festival South by Southwest (SXSW) a été rebaptisé la «semaine de relâche des technophiles». Depuis ce matin et jusqu'à mardi prochain, la ville d'Austin, au Texas, accueille des milliers d'adeptes de nouvelles technologies qui espèrent découvrir avant tout le monde ce qui remplacera Twitter et Facebook dans les mois ou les années à venir. On attend environ 15 000 personnes pour le volet interactivité de ce 25e festival, qui comporte également des volets musique et cinéma.

Stéphane Bousquet, directeur des entreprises numériques à l'Office national du film, participe pour la deuxième année à la manifestation, qu'il qualifie d'incontournable. «On peut vraiment parler d'une orgie de conférences, lance-t-il. J'y vais pour me faire surprendre. Je m'intéresse surtout aux conférences un peu champ gauche, c'est là qu'on en apprend le plus, habituellement. L'an dernier, j'ai assisté à une quarantaine de conférences et je peux dire qu'il y en a plusieurs qui ont influencé ce que nous avons fait cette année à onf.ca.»

Patricia Bergeron fait quant à elle partie d'une mission canadienne organisée par Téléfilm Canada. «Ce qui m'intéresse, c'est la rencontre entre la fiction et l'interactivité», souligne la cinéaste, scénariste et productrice, qui travaille actuellement à une série interactive à partir de la série de livres pour adolescentes Le blogue de Namasté. «Je vais là-bas pour établir des contacts et pour voir ce qui se fait ailleurs, explique celle qui a notamment travaillé à la création du projet Paroles citoyennes, à l'ONF. C'est un lieu où on peut rencontrer de véritables visionnaires.»

Pour Christine Simard, chef, veille et développement stratégique, des espaces numériques à Radio-Canada, c'est une première participation au festival SXSW. «J'espère y trouver des gens avant-gardistes, qui vont proposer une réflexion sur l'avenir du numérique. Chose certaine, je ne vais pas là pour me faire parler de médias sociaux, je ne suis plus capable d'en entendre parler. Ils sont là, ils sont intégrés à nos vies comme le téléphone. Est-ce qu'on peut passer à autre chose, maintenant? Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment les médias vont évoluer au cours des prochaines années.»

Le festival est tellement populaire qu'Apple a décidé d'y installer une boutique temporaire (pop-up) afin de marquer le lancement de l'iPad 2 qui a lieu (quel bon timing!) demain. En cinq jours, plus de 200 conférences seront présentées dans 10 lieux du centre-ville. Ceux qui ont déjà assisté à SXSW parlent d'un véritable marathon qui se poursuit tard dans la nuit puisque la communauté techno aime aussi faire la fête...

Tendances émergentes

SXSW est un moment d'échange, mais c'est aussi un lieu où émergent les tendances. L'an dernier, par exemple, on parlait beaucoup de Foursquare, une application de géolocalisation qui permet d'aviser ses contacts du lieu où on se trouve dans la ville («Je suis au café Machin»). Foursquare n'a pas vraiment trouvé son public à Montréal, mais il semble très populaire dans les grandes villes comme New York, par exemple, où on trouve la masse critique nécessaire pour justifier son utilisation.

Cette année, un grand nombre de participants à SXSW ont adopté l'outil de réseautage Hashable, sorte de Foursquare amélioré qui permet d'échanger des cartes professionnelles, d'aviser ses contacts qu'on est en compagnie d'untel dans un endroit donné. Il semble y avoir aussi un intérêt pour la communication par messages texte en groupe, grâce à des applications comme Beluga, Fast Society ou GroupMe, qui permettent de créer une petite communauté à l'intérieur de laquelle on peut échanger à huis clos. Une sorte de chat dont les participants sont triés sur le volet.

Le volet SXSW Accelerator, de son côté, sera l'occasion de découvrir des applications qui risquent de décoller dans un avenir rapproché. Un total de 32 entreprises soumettront leur invention à un jury qui couronnera les plus prometteuses. Parmi les nouveautés qui pourraient éventuellement exercer une influence sur notre vie démocratique et nos temps de loisirs: Localocracy, qui permet à un groupe de citoyens de discuter virtuellement des enjeux de leur localité et de poser des questions aux élus; DocumentCloud, qui permet d'extraire une foule d'informations à partir d'un document écrit; Qonqr, un jeu décrit comme un croisement entre Foursquare et le jeu de société Risk, et, enfin, Votizen, une plateforme qui marie les médias sociaux et le lobbyisme, grâce à laquelle un électeur américain peut livrer son message directement à un membre du Congrès.

Enfin, parmi les tendances de fond, celle qui s'impose est l'intégration du jeu dans des domaines aussi variés que l'éducation, l'engagement social ou les médias. Des spécialistes viendront expliquer comment la philosophie du jeu (défis, collaboration, récompenses) peut être utilisée pour améliorer les résultats scolaires et rendre l'apprentissage plus intéressant. On en reparle.