Le géant de l'internet Google est de nouveau accusé en Europe de profiter de sa position incontournable pour évincer ses concurrents du marché, avec une nouvelle plainte mardi qui pourrait alimenter l'enquête déjà ouverte par la Commission européenne.

Ces nouvelles accusations sont portées par la société française 1PlusV, créatrice d'une série de moteurs de recherche en ligne spécialisés (également appelés «moteurs verticaux»).

L'un de ses sites, ejustice.fr, avait déposé l'an dernier l'une des premières plaintes contre Google auprès de la Commission européenne, qui avait finalement décidé en novembre d'ouvrir une enquête formelle.

1PlusV a annoncé mardi lors d'une conférence de presse à Bruxelles le dépôt d'une «plainte complémentaire», pour signaler à la Commission de «nouveaux abus» du groupe américain.

Sans être en mesure de chiffrer exactement les dommages subis, elle évoque «plusieurs millions» d'euros.

Google a «une stratégie d'éviction envers les moteurs de recherche verticaux», qu'il ne fait pas apparaître dans les résultats de son propre moteur de recherche et empêche ainsi de se développer, a argumenté Marie-Cécile Rameau, avocate du cabinet Bird and Bird qui conseille 1PlusV.

«Tous les moteurs verticaux sur la première page (de résultats de Google pour une recherche donnée) sont des moteurs verticaux appartenant à Google», comme son site de référencement de livres Google Books par exemple, a souligné pour sa part le fondateur et président de 1PlusV, Bruno Guillard.

Or «si vous n'êtes pas sur la première page de résultats de recherche de Google, vous n'existez pas», affirme-t-il.

Sa société accuse notamment Google d'avoir procédé à des «déréférencements massifs» de ses services dans son moteur de recherche, y voyant une mesure de «représailles» après la première plainte déposée à Bruxelles.

En conséquence, «nous avons perdu des contrats», notamment avec la Bibliothèque nationale de France, dénonce M. Guillard.

1PlusV accuse aussi Google d'imposer l'usage de sa propre technologie de recherche aux moteurs qui désirent utiliser un autre de ses services, publicitaire.

Ce service permet d'afficher sur un site internet des publicités en relation avec les recherches faites par l'utilisateur. Les annonces, censées être plus ciblées, peuvent donc se facturer plus cher.

La Commission européenne disait dans l'après-midi n'avoir pas encore reçu la nouvelle plainte.

Un porte-parole a toutefois rappelé que selon «la procédure habituelle», avant de décider de l'intégrer ou non à la procédure en cours, Bruxelles donnerait à Google une chance de faire des commentaires.

Campant sur la même ligne que depuis le début de l'affaire, un porte-parole de Google a réaffirmé pour sa part que le groupe «a toujours essayé de bien faire les choses pour (ses) utilisateurs», même s'il «reconnaît qu'il y a toujours de la marge pour s'améliorer». Et il a assuré qu'il coopérait toujours «étroitement» avec l'enquête de la Commission.

La Commission avait ouvert le 30 novembre une enquête formelle contre Google, avec en ligne de mire ses activités dans la recherche et la publicité en ligne, deux marchés où il est incontournable même s'il refuse de révéler ses parts de marché.

Bruxelles veut notamment vérifier si Google favorise ses propres services et pénalise ceux de concurrents dans les résultats fournis par son moteur de recherche, mais aussi se pencher sur des «allégations» de clauses d'exclusivité imposées à des partenaires publicitaires.