Les internautes ont réagi avec enthousiasme face à l'intervention possible du gouvernement fédéral dans le dossier de la facturation d'internet selon l'utilisation, mais les acteurs qui ont milité contre cette mesure restent prudents.

Sur Twitter mercredi soir, le ministre canadien de l'Industrie Tony Clement a écrit que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) devait «retourner à sa table de travail», sans quoi la décision de l'organisme serait renversée. Une source gouvernementale a également confirmé à La Presse que le gouvernement Harper a la ferme intention de la casser.

Depuis, les internautes se sont en majorité réjouit de cette volte-face annoncée.

«Il y aura, à l'avenir, de plus en plus de services lourds offerts dans l'internet. (...) On n'a encore rien vu! Si l'on veut continuer de suivre la vague techno et demeurer une société innovatrice, il ne faut pas réduire l'accès à internet, il faut l'améliorer», écrit France Baril, une internaute, sur Cyberpresse.

De Vancouver, l'organisme qui a piloté la pétition de plus de 350 000 noms demandant au gouvernement fédéral d'agir reste prudent.

«Il s'agit d'une victoire incroyable et sans précédent pour les innovateurs, les créateurs et tous les Canadiens...mais nous ne sommes pas au fil d'arrivée», écrit dans un communiqué l'organisme OpenMedia.ca.

Alain Bergeron, président du fournisseur Oricom Internet, souligne que la suite des choses est entre les mains du gouvernement conservateur.

«Le gouvernement semble décidé à réviser la décision du CRTC. En tant que fournisseur internet, je compte maintenant sur les élus pour guider le CRTC sur la question de l'usage, pour donner des indications claires», dit-il.

Il souhaite notamment que la facturation soit basée sur des «coûts réels» et non «dissuasifs», afin que les «fournisseurs restent imaginatifs» dans les forfaits qu'ils offrent aux clients.

«Si Bell et Vidéotron me facturent le coût réel d'utilisation de leur réseau, je ne peux m'opposer à ça», dit-il.

À 16h jeudi, le président du CRTC, Konrad Von Fickenstein, comparaîtra devant le comité de l'industrie afin d'expliquer la décision de son organisme aux députés.

Des clients en attente

Plusieurs fournisseurs d'accès à internet ont déjà commencé à envoyer des avis à leurs clients pour les aviser des modifications prochaines à leur facture internet. L'intervention d'Ottawa vient tout changer à nouveau.

Chez Oricom, des clients ont commencé à téléphoner dès ce matin pour savoir ce que l'entreprise ferait maintenant que le gouvernement songeait sérieusement à annuler la décision du CRTC.

«On va attendre que la décision soit vraiment renversée, et on va attendre de voir ce qui sera décidé ensuite», dit Alain Bergeron, qui reconnaît que la facturation des prochains mois risque d'être «bordélique».