Le patron de l'autorité allemande de régulation des réseaux «n'a rien contre un internet à deux vitesses ou plus», à condition que cela ne porte pas atteinte au principe de la neutralité de la Toile, selon un entretien diffusé jeudi.

«Je n'ai rien contre un internet à deux vitesses ou plus. (...) Mais il faut respecter certaines règles, et notamment, ne pas traiter de manière différente des contenus de même catégorie», a dit Matthias Kurth, chef de l'autorité qui régule en Allemagne tous les réseaux (énergie, télécommunications, transport).

«Il n'est pas possible qu'un fournisseur d'accès internet transporte par exemple plus rapidement des vidéos de Youtube que des films d'une plate-forme concurrente», car cela «porterait atteinte à la neutralité de l'internet», a-t-il ajouté.

En revanche, M. Kurth ne trouverait rien à redire si par exemple «des appels téléphoniques étaient transportés plus rapidement que des courriers électroniques» sur le net.

Le principe de neutralité d'internet qui prévoit un accès égal au réseau pour tous, clients et fournisseurs de contenu, fait l'objet d'un débat international, en particulier depuis qu'aux États-Unis le moteur de recherche Google et l'opérateur Verizon ont signé un accord qui pourrait introduire des «priorités de trafic».

Ce terme signifie que les opérateurs et fournisseurs d'accès pourraient privilégier certains sites internet en leur donnant un accès «prioritaire», contre rémunération. Ou bien faire payer davantage les clients en fonction du volume de données généré.

L'utilisation toujours plus massive d'internet pour convoyer des données lourdes (vidéos, photos, conversations téléphoniques) augmente le risque de saturation et ralentissement.

Les opérateurs des réseaux font valoir que face à ce phénomène ils doivent investir dans des infrastructures toujours plus coûteuses, ce qui ne peut se faire sans contrepartie des fournisseurs de contenu notamment.

Face à eux les défenseurs des libertés informatiques redoutent que l'instauration de priorités d'accès ne réduise de manière dramatique le pluralisme sur la Toile.

En Allemagne l'opérateur Deutsche Telekom est un fervent partisan d'un internet à vitesses variables. Il souhaiterait faire payer certains poids lourds de l'offre de contenu, en échange d'un accès privilégié à son réseau.