Programmer à distance votre machine à laver ou savoir si vous aurez une place assise dans le bus de 8h17: internet sert aujourd'hui surtout à surfer mais permettra bientôt de faire communiquer systèmes et objets de la vie courante grâce à des étiquettes «intelligentes».

«L'énorme potentiel informatique et technologique dont on dispose doit maintenant être transféré aux objets», a résumé mercredi le président d'IBM France, Alain Bénichou, lors du congrès annuel de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) à Montpellier.

Jusqu'à présent considéré comme un gadget ou de la science-fiction, «l'internet des objets» prend son essor en commençant à mettre en relation avec internet n'importe quel appareil ou objet doté d'une «étiquette» spécifique.

Ce petit code-barre, en fait une puce «RFID» pour radio-identification, dote chaque objet - de la voiture au vêtement, en passant par le système de chauffage - d'une intelligence propre lui permettant d'obéir à des ordres via un téléphone intelligent ou de s'auto-organiser selon l'environnement.

D'ici 2020, quelque 16 milliards d'objets seront ainsi connectés au web, selon une étude publiée fin octobre par Analysys Mason, cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans les télécoms.

L'enquête souligne que si aujourd'hui les équipements informatiques représentent 75% des dispositifs connectés, ils ne seront plus que 25% dans dix ans, supplantés notamment par les biens matériels du foyer et les systèmes de contrôle à distance (chauffage, air conditionné).

«C'est une évolution inéluctable: dans dix ans, sans s'en rendre compte on sera passé aux objets communicants», résume Rafi Haladjian, précurseur de l'internet des objets version grand public avec le «Nabaztag», petit lapin connecté à l'ordinateur par WiFi et qui via des messages vocaux ou lumineux informe sur la météo, la bourse ou l'arrivée de nouveaux courriels.

«À un moment donné, on est bien passé des objets mécaniques à des objets numériques, un exemple tout bête est le pèse-personne, le prochain que vous achèterez sera relié au wifi et à votre ordinateur», indique-t-il à l'AFP.

«Dans les années 2003-2008, on prêchait dans le désert concernant l'intérêt de l'internet des objets, notamment en termes de business à venir pour les entreprises. Mais il en avait été de même pour internet: au début personne n'y croyait», souligne M. Haladjian.

«Il existe déjà des dizaines de milliards de capteurs et de puces partout qui créent autant de possibilités de connections via internet. Nous avons tout à notre disposition», renchérit Alain Bénichou.

«À Singapour par exemple, pour inciter les gens à prendre les transports en commun, un système d'analyse "sélective" que vous installez sur votre téléphone intelligent vous dit à quelle heure précise le bus vous déposera à destination et aussi si vous trouverez une place assise», indique-t-il.

En Bretagne, IBM teste avec une filiale d'EDF un système de «maison intelligente» où un boîtier donne des conseils pour faire des économies et décaler par exemple d'une heure la mise en route du lave-vaisselle.

«Tout est encore ouvert, il n'y a pas encore de "standards"», résume Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l'Association pour le nommage internet en coopération (Afnic), choisie après appel d'offres par la Délégation aux usages de l'Internet (DUI) pour développer un projet de «registre» avec les «identifiants» de chaque objet qui aura été équipé d'une étiquette.