Internet sans alcool, sans pornographie et sans Lady Gaga: c'est possible, avec les nouveaux moteurs de recherche spécialisés qui filtrent la toile au nom d'une religion, d'une éthique ou d'une communauté.

Sans avoir la puissance d'un Google ou d'un Yahoo, ces moteurs de recherche se placent sur des niches de marché en s'adressant notamment aux communautés juives, musulmanes ou chrétiennes.

«Nous sommes un moteur de recherche à orientation musulmane», affirme à l'AFP Reza Sardeha, fondateur de «I'mHalal» («Je suis halal», en français), créé il y a un an.

«Nous trouvions les autres moteurs beaucoup trop généralistes. Nous voulions fournir une solution d'exploration du web qui se fasse dans un environnement sûr, où vous ne risquez pas de tomber sur des sites immoraux, pornographiques ou pour adultes», explique ce Koweïtien de 21 ans, basé à Amsterdam.

En août, I'mHalal était le support de 100 000 recherches par jour. En septembre, après quelques articles de presse, le site, présenté en anglais, attirait 300.000 recherches, les utilisateurs venant en masse du Pakistan, des États-Unis, de Malaisie, d'Indonésie et des Émirats Arabes Unis.

«Si vous tapez le mot +alcool+ vous aurez des résultats qui reflètent les vues de l'Islam», explique Reza Sardeha.

Si on pianote «pornographie» en revanche, on n'obtient aucune réponse. «La pornographie est en fait la seule chose qu'on censure. Sinon, nous sommes un moteur généraliste», assure-t-il.

Chez SeekFind, un moteur américain de recherche d'obédience protestante évangélique, on offre «une solide perspective chrétienne conservatrice», affirme son fondateur Shea Houdmann, basé à Colorado Springs.

Son moteur de recherche, dit «vertical», écrème en fait une trentaine de sites chrétiens. En page de garde, une citation de l'évangile selon Matthieu, avertit l'usager: «Cherche et tu trouveras».

«Les recherches les plus fréquentes interrogent la Bible, ou bien ce qu'a vraiment fait Jésus ou encore se demandent si +Dieu existe+», explique-t-il. Si l'on tape «Obama», les réponses évoquent l'antéchrist ou la destruction d'embryons. La recherche «Madonna» renvoie davantage à la Madone qu'à la chanteuse.

«Nous ne sommes pas un site politique et nous recommandons à ceux qui veulent des réponses de tous horizons d'aller sur Google ou Bing. Nous n'avons pas leurs ressources», explique Shea Houdmann.

Un autre site, Jewogle, dont le graphisme et le sigle miment celui de Google, s'adressent aux juifs.

«Aucun de ces sites n'a encore vraiment décollé, à la façon d'un Google», qui draine un milliard de visiteurs par mois, commente Danny Sullivan, rédacteur en chef de SearchEngineLand.com, interrogé par l'AFP. «Un des meilleurs exemples était le moteur +rushmoredrive+ qui s'adressait à la communauté noire. Cela n'a jamais pris», ajoute-t-il.

Pour l'analyste Michael Gartenberg d'Altimeter Group, interrogé par la radio publique NPR, ce type de moteurs attire un nouveau public vers l'internet.

«Vous avez une génération émergente qui veut profiter d'internet tout en restant fidèle à son système de valeurs», explique-t-il.

Ces moteurs peuvent aussi attirer au-delà de la clientèle pour laquelle ils ont été conçus. «Nous avons des utilisateurs non-musulmans. Et ils nous remercient. Car ils peuvent, avec nous, permettre à leurs enfants d'aller sur le net sans tomber sur un contenu obscène», conclut Reza Sardeha, d'I'mHalal.