Le patron du groupe internet Google, Eric Schmidt, donne deux longs entretiens dans la presse allemande de jeudi pour tenter de rassurer une population très critique face au lancement du logiciel de cartographie Google Street View.

«Je peux très bien comprendre les peurs», a dit M. Schmidt au quotidien à grand tirage Bild.

«Je sais ce que beaucoup de citoyens allemands ont dû subir et j'ai le plus grand respect pour l'importance particulière qu'ils accordent à la protection de leur sphère privée, en raison de ces expériences historiques», celle du nazisme et celle de la dictature communiste d'Allemagne de l'Est, a-t-il ajouté.

«Nous ne faisons rien d'illégal, nous respectons les lois», a-t-il martelé.

Dans un entretien publié sur une pleine page par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Schmidt explique: «Nous voulons que les consommateurs apprécient nos produits et n'aient pas peur qu'ils soient utilisés à des fins malveillantes».

«Cela sera toujours ainsi: les uns aiment la vidéoconférence, les autres pas. Un certain pourcentage de gens se méfiera toujours des distributeurs automatiques d'argent et préfèrera l'entretien avec un employé. (...) Je suis persuadé que les gens vont s'organiser et que le critère important au final sera celui de l'utilité», a-t-il expliqué en réponse à une question sur la compatibilté entre respect de la vie privée et explosion du trafic de données sur internet.

En Allemagne, Google a fait l'objet de vives critiques après l'annonce du lancement de son service Street View. Le logiciel de cartographie, lancé en 2007 et déjà disponible dans une vingtaine de pays, fournit des vues panoramiques en trois dimensions de rues, permettant aux usagers de s'y déplacer virtuellement comme s'ils s'y promenaient.

Dans un pays très sensible au respect de la sphère privée, ce programme est jugé par certains trop intrusif.

Face à la polémique, Google a accepté, exclusivement en Allemagne, de donner la possibilité d'interdire la publication d'une photographie de son habitation avant le lancement du logiciel. Le délai pour demander le floutage de son domicile court jusqu'au 15 octobre.