Lointaine est l'époque où le fait de capter des images d'un scandale ou d'une manifestation était une chance inouïe. Dans les années 80, quelques braves chassaient bien les ouragans et refilaient leurs cassettes aux chaînes de télé. Mais c'est par pur hasard qu'un vidéaste amateur a pu filmer l'Afro-Américain Rodney King alors qu'il se faisait tabasser par un policier de Los Angeles, en 1991.

Aujourd'hui, de YouTube aux sites d'associations de défense des droits de l'homme en passant par WikiLeaks, des centaines de vidéos du genre font leur chemin chaque année. Sur YouTube, on trouve un outil (YouTubeDirect) pour aider les vidéastes et les médias à entrer en contact. Une section (The Reporters' Center) enseigne les principes du journalisme aux amateurs, et une autre (CitizenTube) regroupe des vidéos d'étudiants en journalisme de l'université californienne Berkeley.

Les Français ont aussi Citizenside.com, lié à l'Agence France-Presse, qui permet aux vidéastes d'être rémunérés par les médias qui utilisent leur oeuvre.

Privés de primeurs et d'enveloppes brunes, de grands médias se lancent directement dans la mêlée. Sur des panneaux publicitaires plantés le long des grandes artères, CNN invite ainsi ses téléspectateurs à lui envoyer leurs topos.

Résultat? Mitigé, selon le professeur de communication Pierre C. Bélanger. «De la nouvelle brute issue des citoyens, j'en vois moins de 1% parmi toutes les nouvelles, dit-il. La plupart des vidéos citoyennes qu'on nous montre à la télé restent anecdotiques. C'est de l'insolite, du people, les propos disgracieux de personnalités...»

«Ce n'est pas parce qu'on rend quelque chose accessible à la planète que la planète va le voir, affirme l'auteur américain Dan Gillmor. Mais à travers le flot d'images, celles qui sont convaincantes vont toujours attirer l'attention.»