Le groupe informatique Microsoft a dénoncé mardi le partenariat conclu entre Yahoo! Japan et le moteur de recherche Google, estimant qu'il mettrait fin à la concurrence dans la recherche sur internet au Japon, et s'est interrogé sur sa légalité.

«L'accord proposé va éliminer la concurrence dans la recherche au Japon - à la fois dans les liens sponsorisés et dans les résultats de recherche», a dénoncé le directeur juridique adjoint de Microsoft, Dave Heiner, sur un blog officiel du groupe.

Le groupe internet Yahoo! Japan, propriété à 40% du troisième opérateur de télécommunications nippon, Softbank, et à 35% du groupe américain Yahoo!, a annoncé mardi qu'il allait adopter le moteur de recherche Google.

Yahoo Japan! est actuellement le portail le plus utilisé par les internautes nippons pour effectuer leurs requêtes en ligne. Aux termes de l'accord, lorsqu'un internaute lancera une requête sur Yahoo Japan!, le moteur de recherche utilisera la technologie Google.

Le tandem contrôlera ainsi l'essentiel de la recherche sur la toile au Japon, quelque 57% des requêtes (bien 57%, ndlr) passant aujourd'hui par Yahoo! Japan et 31% par Google, alors que le géant du logiciel américain Microsoft se contente d'un peu moins de 3%.

Alors que Yahoo! Japan a assuré que l'accord ne posait pas de problème de monopole, Microsoft s'est interrogé sur la réaction des autorités de la concurrence japonaise.

«Il sera intéressant de voir dans les semaines qui viennent si c'est absolument vrai» que ce partenariat a reçu un feu vert, relève Microsoft, pour qui cet accord est encore plus anti-concurrentiel qu'un partenariat entre Google et le groupe américain Yahoo! conclu en 2008, auquel Google avait fini par renoncer de peur qu'il ne soit contesté par les autorités américaines.

«Si Google reçoit l'autorisation de réaliser ce projet, il obtiendra un contrôle presque total de la recherche et de la publicité liée à la recherche au Japon à travers une croissance d'acquisition, non une croissance organique», souligne M. Heiner.

«Google seul déciderait ce que trouveraient ou ne trouveraient pas les internautes japonais sur le web. Et Google obtiendrait une quantité massive de données sur les historiques de recherche et les sites internet visités par tout internaute, société ou organisme gouvernemental menant des recherches sur internet» dans le pays, prévient Microsoft.

«En fait, les répercussions sur la concurrence pourraient se ressentir au niveau mondial, parce que le Japon est le troisième pays du monde en termes de requêtes sur internet», souligne encore Microsoft.

Yahoo! Japan est une société distincte de Yahoo! et n'est pas directement concernée par le partenariat dans la recherche sur internet conclu l'an passé entre Yahoo! et Microsoft, visant justement à renforcer la concurrence face à Google qui domine les deux tiers du marché mondial.

En vertu de cet accord entre les deux groupes américains, les moteurs de recherche des sites Yahoo! de nombreux pays, dont les États-Unis, utiliseront la technologie de Microsoft, baptisée «Bing», d'ici à la fin de l'année.

Yahoo Japan!, qui sera une exception, employait jusqu'à présent le moteur de recherche spécifique du portail Yahoo!.