Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a appelé lundi de ses voeux l'élaboration d'un statut juridiquement «universel» d'internet, qui l'empêche d'être fragmenté en «une multiplicité d'espaces fermés» au service de régimes autoritaires ou de fanatismes.

Dans une interview publiée sur le site internet du Monde, M. Kouchner souhaite que «lui soit conféré un statut qui le rapproche d'un espace international, afin qu'il soit plus difficile pour les Etats répressifs d'utiliser l'argument de la souveraineté contre les libertés fondamentales».

La France s'est exprimée à plusieurs reprises contre la répression de la liberté d'expression sur internet, entre autres à l'occasion des manifestations d'opposition en Iran.

«Une bataille d'idées est engagée entre, d'un côté, les tenants d'un Internet universel, ouvert» (...) et «ceux qui voudraient transformer Internet en une multiplicité d'espaces fermés et verrouillés au service d'un régime, d'une propagande et de tous les fanatismes», dit le ministre français.

Dans «des pays autoritaires et répressifs, le téléphone portable et Internet font naître une opinion publique et une société civile». Mais, en même temps, «le nombre de pays qui pratiquent la censure sur Internet, qui surveillent et punissent les internautes pour délits d'opinion, progresse à un rythme inquiétant», note-t-il.

Au sommet mondial sur la société de l'information (qui s'est tenu à Genève en 2003 puis à Tunis en 2005), 180 États ont «reconnu la pleine applicabilité à Internet de la Déclaration universelle des droits de l'homme» mais «une cinquantaine d'États ne respecte pas ses engagements», a déploré M. Kouchner.

Il s'est prononcé pour la création d'un «instrument qui permettrait, à un niveau international, de suivre les engagements pris par les Etats et de les interpeller quand ils manquent à leur parole» et pour «un code de bonne conduite pour l'exportation de technologies destinées à censurer et traquer les internautes».