Jusqu'à tout récemment, ceux qui n'aimaient pas Facebook n'avaient qu'à ignorer les conversations de leurs collègues et amis («As-tu vu mes photos sur Facebook?») et à ne pas s'y inscrire.

Mais cela pourrait bientôt être chose du passé. Si on se fie à ses plans, le site de réseautage social deviendra difficile à ignorer au cours des prochains mois.

Lors d'un discours prononcé cette semaine à la conférence «f8» consacrée aux développeurs du site, le fondateur et PDG de l'entreprise, Mark Zuckerberg, a affirmé que Facebook voulait «mettre les gens au centre du web».

En clair, Facebook veut devenir le centre du web.

L'entreprise a annoncé qu'elle allait commencer à disséminer un peu partout sur les sites internet des icônes «J'aime», ou «I like», sur lesquelles les internautes pourront cliquer pour signifier qu'ils ont apprécié un contenu précis.

Automatiquement, l'information se rendra sur leur profil Facebook et leurs amis pourront voir qu'ils ont aimé tel article, ou tel restaurant, ou telle chanson. Tous les sites internet sont invités à ajouter cette icône. Déjà, ceux du Globe and Mail, du New York Times et du fabricant de jeans Levi's l'ont fait.

Toutes ces informations sur les goûts personnels des internautes seront stockées par Facebook, qui pourra les fournir aux sites internet au besoin.

En échange, les sites partenaires pourront indiquer à leurs visiteurs lesquels de leurs amis Facebook recommandent leur contenu. Par exemple, lors d'une visite sur Cyberpresse, une boîte pourrait vous indiquer lesquels de vos amis Facebook ont aimé un article et vous offrir une «expérience personnalisée», dit Facebook.

«C'est une étape très importante pour Facebook. Pour la première fois, les goûts et intérêts de mon profil se retrouvent ailleurs que sur Facebook.com», a déclaré Mark Zuckerberg cette semaine.

Une initiative controversée

Avec 400 millions d'utilisateurs actifs inscrits sous leur vrai nom, les nouvelles ambitions de Facebook de «rendre le web meilleur» en font frémir certains.

«Facebook veut être le nouveau système d'identité sur le web. Une entreprise? Ça ne peut pas marcher. (...) Même Bill Gates n'a pas eu l'audace de proposer ça», écrit sur son blogue Dave Winer, pionnier du web reconnu comme l'un des pères des fils RSS.

«Domination de l'internet», «pacte avec le diable», «conquérant de l'internet», les épithètes abondent pour décrire ce que Facebook veut créer.

«Épeurant... y'a pas d'autres mots! Plus ça grossit, plus je m'éloigne de ce site. Bien franchement, j'espère ne pas me heurter à Facebook chaque fois que je clique sur un autre site (...)», écrit un internaute sur Cyberpresse.

Le cofondateur de l'entreprise montréalaise Praized Media croit que le dessein de Facebook est bien défini.

«Son plan stratégique est très clair: il veut devenir un service social, un service utilitaire qui sera une partie de l'infrastructure du web. Mais c'est une entreprise privée qui contrôlerait ça. Ça va prendre des garde-fous si ça devient extrêmement dominant», dit Sébastien Provencher.

Il croit en outre que les entreprises qui s'associent à Facebook auraient tout avantage à garder les précieuses données sur les goûts de leurs internautes pour elles.

«Donner toute l'information à Facebook plutôt que de la garder peut représenter un risque, dit-il. Les entreprises peuvent être tentées d'implanter les outils de Facebook, qui sont faciles à utiliser pour les internautes. Mais c'est de l'information qui s'en va.»

Une mine d'informations précieuses sur laquelle Mark Zuckerberg est assis. Et qui vaut beaucoup, beaucoup d'argent.