Google continuera à censurer son moteur de recherche pour certains de ses clients chinois pendant quelques temps, dans le cadre de contrats en cours, a affirmé mercredi une porte-parole de la société américaine.

Le géant de l'internet semble résolu à conserver des activités commerciales en Chine continentale, malgré le bras de fer avec Pékin sur le filtrage des résultats.

Après deux mois de menaces et d'intimidation de part et d'autre, Google avait choisi mardi de rediriger les internautes chinois vers la version hongkongaise de son moteur de recherche pour s'affranchir de son obligation de censurer les résultats. Les autorités chinoises ont dénoncé cette manoeuvre tandis que leurs filtres, connus sous le nom de Grand Pare-feu, prenaient le relais, bloquant les contenus jugés pornographiques ou politiquement sensibles, notamment ceux ayant trait aux droits de l'Homme.

Cependant, Google continue de filtrer ses résultats de recherche afin d'honorer les contrats avec ses partenaires d'affaires actuels et continuera de le faire pendant un certain temps, a déclaré Jessica Powell, sans préciser de délai.

«Dans les cas où nous fournissions des résultats de recherche censurés et où nous étions contractuellement engagés à (le faire), nous honorerons ces engagements», a dit la porte-parole. Ensuite, Google «n'offrira plus de résultats de recherche censurés à aucun partenaire en Chine», a-t-elle averti.

Selon Li Zhi, analyste pour la société de recherche Analysys International, basée à Pékin, cette mesure devrait certainement concerner les moteurs de recherche de Google sur des sites comme Sina, l'un des portail les plus populaires de Chine, et Tianya.com.

Le différend entre Google et les autorités chinoises a débuté le 12 janvier dernier, lorsque le groupe a annoncé qu'il cesserait de se plier aux règles de censure chinoise après avoir découvert le piratage de comptes de courrier électronique qu'il hébergeait et appartenant notamment à des militants chinois des droits de l'Homme.

Le gouvernement chinois a refusé de transiger sur sa politique de censure et Google, après avoir menacé de fermer son moteur de recherche en chinois, l'a redirigé vers sa version hongkongaise. Son retrait partiel de Chine continentale a suscité la consternation parmi ses partenaires chinois, qui pourraient subir des pressions du régime pour mettre un terme à leurs partenariats avec Google.

La redirection de google.cn vers google.com.hk a été rendue possible par la relative autonomie dont jouit le territoire de Hong Kong, une ancienne concession britannique rétrocédée à la Chine en 1997. Google n'a juridiquement aucune obligation d'y censurer son moteur de recherche.