Son grand-père calligraphiait des poèmes classiques avec encre et pinceaux, mais le petit-fils de Mao Zedong s'est converti au micro-blogues et à ses 140 caractères pour cette session annuelle du parlement chinois.

Mao Xinyu, qui avait tenté d'éviter la meute des journalistes à l'issue du premier jour du parlement la semaine dernière, a inauguré son micro-blogue il y a quelques jours, devenant l'une des «vedettes» de la plate-forme «Renmin weibo» ouverte par le site internet du Quotidien du Peuple, le très officiel organe du Parti communiste.Ce gros poupon de 40 ans, chercheur à l'Académie des sciences militaires et promoteur de la pensée de son grand-père, est délégué à la Conférence politique consultative du peuple chinois (CPCPC), qui siège en même temps que le parlement et n'a pas de réel pouvoir.

Comme les plus de 2000 membres de la CPCPC, il s'est vu offrir un ordinateur portable d'une grande marque chinoise, d'une valeur de plus de 500 euros.

Il n'a cependant guère communiqué sur son micro-blogue: il s'est contenté de trois billets, dont l'un pour promouvoir une interview de lui par la télévision de l'armée.

Ce qui ne l'a pas empêché d'avoir 800 «fans» en trois jours et toutes sortes de commentaires, des plus désagréables -- «Il faut maigrir, le corps c'est le capital principal de la révolution» -- aux plus enthousiastes: «Le peuple chinois n'oubliera pas le président Mao, nous allons aussi nous intéresser à toi, avec l'espoir que tu sois bien et heureux!».

D'autres parlementaires et délégués sont plus actifs, comme Ye Qing, parlementaire du Hubei (centre) et professeur de finances, qui a ouvert un compte sur le service de micro-blogging de Sina, «Sina weibo», l'un des principaux portails chinois.

«C'est plus simple et facile que le blog, on peut envoyer du texte avec le téléphone portable et exprimer ses opinions à tout moment de la journée et recevoir celles de ses fans», dit-il à l'AFP.

Ye Qing, qui a 35 316 fans, envoie ses impressions au fil de la journée, rend compte de ses propositions parlementaires ou de celles des autres. Lui a proposé cette année de mieux protéger les acheteurs de biens immobiliers qui croulent sous les crédits, ceux qu'on appelle en Chine les «fangnu» (esclaves des appartements).

«Du point du vue du travail, le micro-blogue permet d'élargir la vision, de collecter des idées, c'est très utile pour rédiger les propositions parlementaires», estime Ye Qing.

Cependant, les micro-blogues des parlementaires restent bien policés, sans aspérités, totalement dans la ligne d'un Parlement où la marge de manoeuvre des délégués, désignés par le Parti communiste, reste étroite.

Et le célèbre artiste dissident Ai Weiwei, qui réclame la transparence sur le séisme meurtrier au Sichuan de 2008, s'est vu supprimer mardi à plusieurs reprises son micro-blogue sur Sina.

Le service de micro-blogues le plus connu dans le monde, Twitter, est censuré en Chine depuis les émeutes du Xinjiang, qui avaient fait près de 200 morts en juillet, les autorités accusant les fauteurs des troubles de l'avoir utilisé pour s'organiser.

Illustration aussi de l'inquiétude qu'inspire la puissance de l'internet à certains responsables chinois, plusieurs délégués ont proposé de renforcer le contrôle et les restrictions.

Shen Changfu, un parlementaire de Chongqing, directeur général de l'opérateur de téléphone China Mobile dans cette métropole, a même proposé de ne permettre l'accès aux jeux en ligne que le week-end et d'interdire toutes sortes d'expressions utilisées par les internautes les considérant comme vulgaires. Une proposition violemment dénoncée par une majorité d'internautes.

La Chine a la plus forte population d'utilisateurs d'internet au monde - 384 millions - qui ont fait de la Toile le principal espace d'expression publique.