Le président Nicolas Sarkozy a souhaité jeudi la mise en oeuvre d'ici à l'été 2010 d'une «carte musique» jeune subventionnée pour moitié par l'État afin de favoriser le téléchargement légal sur internet en France.

Cette idée est une des propositions phares du rapport remis la veille au gouvernement qui prône notamment l'instauration d'une «taxe Google» sur les revenus publicitaires en ligne, afin d'améliorer l'offre légale de biens culturels sur internet et la rémunération des créateurs.

«L'effondrement du marché du disque et l'absence de décollage de l'offre numérique impliquent un effort collectif supplémentaire», a estimé le chef de l'Etat lors de ses voeux au monde de la culture.

«Je retiens notamment la proposition (du rapport de la mission conduite par Patrick Zelnik, NDLR) qui consiste à réhabituer les jeunes à acheter ce qu'ils écoutent», a annoncé M. Sarkozy.

«Je souhaite la mise en place de la carte musique, fixée - je ne sais pas - à 200 euros de potentiel d'achat, et l'Etat en prendra la moitié», a-t-il avancé; il a souhaité que cette carte «entre en vigueur d'ici à l'été 2010, pour toutes les musiques évidemment».

M. Sarkozy a aussi fait sienne la proposition de la mission Zelnik qui consiste à fixer un délai d'un an aux producteurs pour qu'ils «négocient les droits et libèrent leurs fichiers musicaux sur toutes les plateformes».

Il a également parlé de «fuite de matière fiscale» en évoquant le cas des grands portails internet, dont Google, taxés dans le pays de leur siège social alors qu'ils prélèvent une partie du marché publicitaire en France.

«C'est particulièrement dommageable et ça altère le jeu de la concurrence», a estimé M. Sarkozy. Il s'est dit favorable à un avis de l'Autorité de la concurrence sur ce possible «abus de position dominante».

Le rapport Zelnik a été bien accueilli par le Groupement des éditeurs de services en ligne et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. En revanche, un «collectif de citoyens», La Quadrature du Net, a estimé que la mission avait «accouché d'une vilaine petite souris» et dénoncé le financement de «business dépassés» aux «frais du contribuable».

Jeudi soir, Google a dit espérer voir la mission Zelnik «privilégier des solutions innovantes plutôt que de prolonger une logique d'opposition entre les mondes de l'internet et de la culture, par exemple la logique de la taxation».

«Notre contribution à la mission confiée à Patrick Zelnik a insisté sur la nécessité de coopération entre les acteurs de l'internet et les filières culturelles pour développer des nouveaux modèles», a souligné dans un communiqué Olivier Esper, directeur des affaires publiques chez Google France.